Énergie

Des panneaux solaires pour produire de l’eau potable

Une entreprise américaine a créé un panneau solaire capable d’extraire l’eau potable de l’air. Une solution au défi majeur de notre monde ?

À travers le fonds d’investissement Breakthrough Energy Ventures, Bill Gates et BlackRock ont décidé d’investir dans les « hydropanels » de l’entreprise Global Source. Leur système pourrait-elle être la réponse aux problèmes d’eau des pays en développement ?

L’accès à l’eau, un droit reconnu

L’eau est un défi majeur pour le XXIe siècle. Aujourd’hui, 2,1 milliards de personnes n’ont pas accès à l’eau potable, alors qu’il est reconnu comme un droit humain par les Nations unies depuis 2010. Un constat déjà alarmant et qui pourrait encore s’aggraver en raison du réchauffement climatique. Si l’on ne change pas notre gestion de l’eau, près des deux tiers de la population mondiale pourraient subir des pénuries d’eau dès 2030. Cela creusera les inégalités d’accès à l’eau potable et provoquera une augmentation des besoins là où les ressources sont déjà faibles.

Transformer le soleil et l’air en eau

En 2014, Cody Friesen, PDG de Global Source, a mis au point une sorte de panneau solaire qui capte l’humidité de l’atmosphère pour la transformer en eau potable. Celle-ci est ensuite collectée dans un réservoir à l’intérieur du panneau, puis libérée sous forme d’eau pure. Grâce à l’énergie solaire, les « hydropanels » conditionnent la vapeur d’eau sous une forme 10 000 fois plus concentrée que dans l’atmosphère. « Nous prenons la lumière du soleil et l’air, et nous les transformons en eau potable parfaite n’importe où sur la planète », a expliqué Friesen à CNBC. « Nous prenons donc de l’eau qui a été historiquement le plus grand défi de l’humanité et nous la transformons en une ressource renouvelable n’importe où. »

 

Rêve ou réalité ?

La société Global Source a déjà levé 150 millions de dollars auprès d’investisseurs, dont Breakthrough Energy Ventures de Bill Gates, BlackRock, Duke Energy et le Lightsmith Group. Actuellement, un panneau solaire coûte 2 000 dollars. Il produit, selon le taux d’humidité présent dans l’air, entre 4 et 5 litres d’eau au bout de 12-16 heures. Les panneaux ont déjà été déployés dans 450 projets et 52 pays. Le prix élevé est encore un frein au développement à plus grande échelle, mais à ce sujet Cody Friesen répond que c’est une question de temps et d’investissement : « Les panneaux solaires et les batteries étaient eux aussi critiqués pour leur coût et leur inefficacité à leurs débuts. »

Bill Gates, le philanthro-capitaliste

Ces dernières années le fondateur de Microsoft a investi  plus d’un milliard  de dollars dans la  recherche de nouvelles énergies non polluantes. Il a également fait pression sur les gouvernements pour qu’ils investissent dans des initiatives en ce sens. Mais comme l’a montré le journaliste Lionel Astruc dans son enquête édifiante sur les dessous de la fondation Gates dans son livre « l’art de la fausse générosité », Bill Gates, pour ne citer que lui, investit aussi dans des domaines non respectueux de l’environnement tels que les énergies fossiles, les armes ou l’agriculture chimique, très gourmande en eau. On peut lire dans une étude en 2017 que Bill Gates et ses trajets en avion engendraient 10.000 fois plus de pollution que ceux d’une personne lambda. Le milliardaire a également investi dans une entreprise qui souhaite extraire du Lithium au Groënland. Procédé qui est loin d’être écologique.

◆ Plus de sobriété, ou de technologie ?

Quelles seront les conséquences sur le long terme de cette extraction d’humidité dans l’air ? Ne vaudrait-il pas mieux changer notre façon de consommer et de gérer nos ressources, plutôt que chercher des technologies nous permettant de continuer à polluer ou à gaspiller, parfois elles-mêmes polluantes, déstabilisantes pour la biodiversité, ou nécessitant des matières premières de plus en plus rares ?
Près du quart de la consommation domestique d’eau potable passe dans les sanitaires et plus particulièrement les toilettes, soit de 60 à 120 litres par jour et par personne. Ne serait-il pas possible pour les pays dits « développés » de remédier à cet énorme gaspillage quotidien, et de participer ainsi à la préservation d’une ressource dont le monde va manquer ?

Ne doit-on pas craindre qu’en plus de son influence dans le domaine de la santé en étant l’un des donateurs principaux de l’OMS, Bill Gates, ainsi que les autres actionnaires de Global Source, s’accaparent une ressource naturelle telle que l’eau, rendent des populations encore plus dépendantes d’eux et fixent les règles du jeu en fonction de leurs intérêts privés ?

 

 

Image principale par www.source.co

 

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