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Des milliardaires français encore plus riches grâce au Covid-19

Alors que la pauvreté et la précarité ont fortement augmenté depuis le début de la pandémie, un rapport montre que ce n’est pas la crise pour tout le monde. 

En janvier 2022, l’ONG Oxfam France a publié un rapport intitulé « Dans le monde d’après, les riches font sécession ». Leur constat ? « En France, la fortune des milliardaires a augmenté plus rapidement en dix-neuf mois de pandémie qu’en une décennie entière. »

Une année record pour les plus riches

 

Dans son rapport, Oxfam explique qu’entre mars 2020 et octobre 2021, « la fortune des milliardaires français a augmenté de 236 milliards d’euros, soit une hausse de 86 % ». En comparaison, « entre 2009 et 2019 elle avait augmenté de 231 milliards d’euros ». Cela représente « quatre fois le budget de l’hôpital ». Rappelons que l’État français estime le coût de la crise sanitaire à 424 milliards d’euros. La crise a également vu l’apparition d’un nouveau milliardaire, Stéphane Bancel, PDG du laboratoire Moderna, qui a fait son entrée directement à la 7e place du classement Forbes.

Selon Oxfam, cet enrichissement n’est pas dû à des « choix stratégiques brillants des milliardaires », mais plutôt à « de l’argent public versé sans condition par les gouvernements et les banques centrales dont ils ont pu profiter ». En juin 2021, la Banque centrale européenne (BCE) avait déjà injecté 1 850 milliards d’euros, achetant aux banques des titres de dettes privées ou publiques, dans une logique de « quoi qu’il en coûte ».

 

Les pauvres toujours plus pauvres

Selon l’ONG, les cinq premières fortunes de France « ont doublé », augmentant leur patrimoine « de 173 milliards d’euros en 19 mois », possédant ainsi à elles seules « autant que les 40 % des Français les plus précaires ». D’après un rapport du Secours catholique, en 2020, « 5 à 7 millions de personnes » ont demandé une aide alimentaire. La précarité des ménages qui étaient déjà le plus en difficulté a été accentuée. « Oublié(e)s des plans de relance, les travailleurs précaires (notamment les femmes), les personnes migrantes et les jeunes ont vu leur situation se détériorer encore davantage », note Oxfam.

Au vu de la situation et des inégalités croissantes, ceux que la pandémie a enrichis vont-ils devoir contribuer plus que les autres afin de compenser la politique du « quoi qu’il en coûte » d’Emmanuel Macron ?

Qui va payer la facture ?

« Une décision de bon sens serait de remettre en place une imposition sur les grandes fortunes », propose l’ONG. « Malgré trois évaluations successives de la suppression de l’imposition de solidarité sur la fortune [par le gouvernement], aucun impact positif sur l’investissement n’a pu être mis en évidence », rappelle-t-elle. Mais le gouvernement préfère faire payer « les oubliés de la crise, précaires, chômeurs » en commençant par une réforme de l’assurance chômage. Après une première tentative retoquée par le Conseil d’État, le gouvernement a « réussi à faire voter un durcissement des règles de l’assurance chômage dégageant au moins deux milliards d’euros par an ». « La réforme devrait faire baisser l’indemnité chômage de 1,15 million de personnes de 17 % en moyenne », estime l’Unédic.

Malgré la promesse de ne pas augmenter les impôts des ménages, fin 2020, le gouvernement a voté la prolongation de la CRDS jusqu’en 2033 pour couvrir 136 milliards d’euros de coûts du coronavirus. La CRDS (Contribution pour le remboursement de la dette sociale) est un impôt payé au même taux par tous les contribuables, quel que soit le revenu ou le patrimoine. Comme le rappelle Oxfam, « ce prélèvement de 0,5 % des salaires, allocations chômage, retraites et bourses étudiantes devait initialement prendre fin en 2024 ».

Les analyses indépendantes menées par l’Institut des politiques publiques (IPP) confirment que durant le quinquennat d’Emmanuel Macron les inégalités se sont accentuées. L’écologie est comme toujours la grande oubliée. Oxfam regrette que les mesures de relance, qui ont permis la hausse spectaculaire du patrimoine des plus riches, n’aient pas été conditionnées à « des engagements ambitieux de transition bas-carbone ». Selon le Haut Conseil pour le climat, 70 % des sommes dégagées par le plan de relance pourraient avoir « un effet significatif à la hausse sur les émissions » de CO2.

 

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