Autonomie alimentaire

« Pénuries alimentaires, une guerre à venir ? »

Armel Joubert des Ouches, ancien reporter de médias mainstream comme TF1 et aujourd’hui reconverti en journaliste indépendant, vient de sortir un documentaire de 40 min intitulé « Pénuries alimentaires, une guerre à venir ? ».

 

D’après le journaliste, « ce documentaire n’a aucune prétention, si ce n’est de tenter de comprendre comment et pourquoi un grand pays paysan comme la France qui possédait jadis des millions d’hectares de terres agricoles, en viendrait purement et simplement à ne plus pouvoir répondre aux besoins alimentaires de sa population ».

◆ Bientôt une crise majeure ?

Depuis quelques semaines, il est question de pénuries alimentaires à venir. Les Nations unies alertent sur l’aggravation des risques de famine liés à la crise Covid. Le 24 mars 2022, sur LCI, le président français Emmanuel Macron inquiétait la population en parlant de crise alimentaire à venir « sans précédent ».

Le même jour, notre ministre de l’Agriculture, Julien Denormandie, assurait sur RMC qu”il n’y a « aucun risque de pénurie en France (…) parce qu’on est indépendant d’un point de vue de la production alimentaire », alors que la France est de plus en plus dépendante de ses importations.

Selon Les Échos : « En 2018, selon les chiffres des douanes, le pays a ainsi acheté pour 38,4 milliards d’euros des produits alimentaires à ses voisins européens, une hausse de 24 % en à peine sept ans. » Selon une analyse réalisée par Utopies, « seules 8 aires urbaines dépassent le seuil de 5% d’autonomie alimentaire alors que 58 sont sous la barre des 2%. Parallèlement, le métabolisme alimentaire de nos territoires semble incohérent : en moyenne, sur les 100 aires urbaines analysées, 98% de l’alimentation est composée de produits agricoles “importés” alors que dans le même temps 97% des produits agricoles locaux sont “exportés” ! »

◆ Une farandole de causes

Les raisons des dysfonctionnements à échelles nationale et mondiale sont nombreuses : pollution, dérèglement climatique, guerre en Ukraine, crise Covid, envolée du prix de l’énergie, effondrement de la paysannerie française, inflation, spéculation, surstockage des denrées par les consommateurs qui ont peur de manquer, etc. Les trous sont de plus en plus nombreux dans notre vaisseau terrestre commun et il devient de plus en plus difficile de les colmater. Les intervenants du film, agriculteurs, patrons de grande surface, économistes et analystes vont tous dans ce sens.

◆ Une mise en scène à venir ?

Ce film anxiogène, en  faisant un point vraiment noir sur la situation, ne donne aucune solution et peut nous laisser un goût âcre et persistant. On peut aussi également s’interroger sur les stratégies géopolitiques plus profondes de ces annonces angoissantes et sur la finalité des mesures politiques nationales et mondiales qui vont être prises au nom de la sécurité alimentaire. Armel Joubert des Ouches se pose la question : « Est-on en train de préparer la population à ce qui sans aucun doute, pourrait profiter à certains, comme les spéculateurs de tous poils, ou autres sympathisants du Big Reset ? Ou bien est-ce une façon pour les dirigeants politiques d’annoncer d’ores et déjà qu’ils sont incapables d’enrayer une crise planétaire qui s’annonce, de fait, incontrôlable ? »

Mais mettre en lumière ce réel et ces doutes insupportables peut également nous donner envie de cesser le gaspillage alimentaire qui concernerait 20% de la nourriture mondiale selon l’Onu, de nous diriger vers la sobriété énergétique et la relocalisation de la production de nourriture et d’énergie. De nous orienter vers les alternatives à ce système agro-industriel mondialisé absurde et de progressivement le déserter, comme nous ont incités à le faire des étudiants d’AgroParisTech pendant la remise de leur diplôme le 10 mai dernier.

👉 Pour voir le film :

👉 Pour soutenir Nexus, lire notre dossier sur l’autonomie alimentaire dans notre numéro 131, accessible en version digitale seulement :


Article par Estelle Brattesani

Image principale tirée du documentaire

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