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Steak artificiel : une fausse bonne idée ?

Aujourd’hui, de grands noms comme Bill Gates, fondateur de Microsoft, ou Richard Branson, fondateur du groupe Virgin, investissent dans le secteur de la « viande cultivée ». Les sociétés de ce secteur, telles que Memphis Meats, se sont donné pour mission de changer les moyens de production de la viande en la fabriquant « directement à partir de cellules animales, sans avoir besoin d’élever ou d’abattre des animaux ».

Selon Greenpeace, « aujourd’hui, à l’échelle mondiale, l’élevage représente 14,5 % des émissions de gaz à effet de serre – soit autant que le secteur du transport ! » et contribue au gaspillage de l’eau. Sachant que la population mondiale devrait atteindre 9,8 milliards d’habitants en 2050 d’après l’Onu, l’agriculture cellulaire serait-elle un moyen de répondre aux besoins alimentaires croissants ?

Agriculture cellulaire, une révolution dans nos assiettes ? 

L’association Agriculture Cellulaire France explique que « la production de viande cultivée consiste à faire pousser des cellules d’un animal dans un bioréacteur, une cuve qui fournit un environnement stérile, clos et à température contrôlée pour que les cellules puissent se développer en viande. »

Une étude de l’université d’Oxford estime que, par rapport à la viande européenne produite de manière naturelle, « la viande de culture impliquerait une consommation d’énergie inférieure de 7 à 45 %, des émissions de gaz à effet de serre inférieures de 78 à 96 %, une utilisation des sols inférieure de 99 % et une utilisation de l’eau inférieure de 82 à 96 %, selon le type de viande. » Aurait-on trouvé un moyen technologique pour lutter contre certaines problématiques environnementales tout en continuant à manger de la « viande » ?


Source : Agriculture Cellulaire France

Une solution efficace contre le dérèglement climatique ? 

Une nouvelle étude de l’université d’Oxford, publiée dans la revue Frontiers in Sustainable Food Systems, démontre que la viande cultivée en laboratoire serait, en réalité, une fausse bonne idée pour réduire les émissions de gaz à effet de serre.

En effet, selon les chercheurs, l’erreur de nombreuses études sur le sujet est de se contenter de convertir les émissions de méthane libéré en quantité par les vaches, en équivalent carbone, libéré par la production de viande artificielle. Mais dans une interview à la BBC, le chercheur Raymond Pierrehumbert explique que « par tonne, le méthane est effectivement un gaz à effet de serre bien plus puissant que le CO2, mais il ne reste dans l’atmosphère que 12 ans, alors que le CO2 s’y accumule pendant des milliers d’années. »

Autrement dit, plus l’impact des émissions de gaz à effet de serre est étudié sur le long terme, moins il est positif. Au bout d’un certain temps, il deviendrait même négatif…

L’idée fait son chemin 

La startup Eat Just avait annoncé en décembre 2020 que sa viande de laboratoire cultivée à partir de cellules animales avait été autorisée à la vente comme ingrédient dans les nuggets par les autorités de Singapour. Il s’agit du premier pays au monde à autoriser une telle pratique.

Le principal frein au développement de cette production est le coût, qui est encore très élevé. En 2013, le premier steak de viande artificielle de 140 grammes avait un coût de production évalué à 250 000 euros. Ce prix atteint aujourd’hui 45 euros environ pour une lamelle de 5 millimètres d’épaisseur. Désormais, une étude de CE Delft s’attend à ce qu’un kilo de viande cultivée coûte environ 5 euros, donc moins que le prix moyen d’un kilo de bœuf. Cependant, aucune date n’est précisée.

Cette méthode de production évitera peut-être l’abattage de milliards d’animaux chaque année, mais produire artificiellement une viande en laboratoire, à partir de cellules la rendra-t-il pour autant plus éthique ? Et quid de la qualité nutritive, de l’assimilation ou de la sûreté de cette nouvelle nourriture pour le corps humain ?

 

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