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Variole du singe : la Haute Autorité de santé propose de vacciner les enfants « au cas par cas »

Aucune étude pour évaluer la sécurité et l’efficacité du vaccin Imvanex/Jynneos/Imvamune utilisé actuellement contre la variole du singe n’a été réalisée chez les moins de 18 ans. Pourtant, la Haute Autorité de santé, depuis le 20 juin 2022, propose qu’on vaccine les enfants « au cas par cas ». Nous l’avons contactée pour en savoir plus.

 

Sur la page dédiée au vaccin Imvanex (appelé Jynneos ou Imvamune et créé à la base pour lutter contre la variole, et non la variole du singe), on peut lire dans la rubrique « Posologie » que « la sécurité et l’efficacité d’IMVANEX chez les personnes âgées de moins de 18 ans n’ont pas été établies ».

◆ Vaccination en eaux troubles

Malgré cette absence de données, la Haute Autorité de santé, dans son communiqué du 20 juin 2022, déclarait que « sur saisine du ministère chargé de la Santé […] la HAS propose que la vaccination des enfants exposés au virus et susceptibles de développer une forme sévère de la maladie puisse être envisagée au cas par cas, par les seuls spécialistes et après une évaluation stricte des bénéfices et des risques […] dans le cadre d’une décision médicale partagée, et avec le consentement des parents (ou du responsable légal de l’enfant), et de l’adolescent le cas échéant ».

Profitons-en pour préciser que pour les adultes également, aucune étude d’efficacité n’a été réalisée hormis sur des animaux pour ce même vaccin.

Les CDC américains affirment que « l’efficacité de JYNNEOS contre la variole du singe est confirmée par des études animales ».

 

Encore des arguments supputatoires

Comment la HAS justifie-t-elle une telle position ? Premièrement, en citant des cas graves survenus en 2003 aux États-Unis, après nous avoir rassurés : « Le nombre de cas d’infection par le virus Monkeypox progresse rapidement en France mais ne concerne pour le moment pas d’enfants. Si la vaccination antivariolique a longtemps été mise en œuvre chez les nourrissons et les jeunes enfants avec les vaccins de première et deuxième génération avant l’éradication de la variole, le vaccin Imvanex® n’est autorisé que chez les adultes. […] Pour rendre son avis, la HAS a analysé les études disponibles. Plusieurs d’entre elles, menées dans des pays africains, montrent que les enfants sont plus susceptibles de développer des formes graves de la maladie et que la mortalité est également plus élevée dans cette population. Lors de l’épidémie qui a touché les États-Unis en 2003, parmi les 35 cas confirmés en laboratoire (sur les 71 cas déclarés), 11 étaient des enfants âgés de 6 à 18 ans, dont 2 ont développé une forme sévère de la maladie. »

Dans un second lieu, la HAS se base sur des données établies suite à l’administration d’autres vaccins que l’Imvanex, toujours sans citer les études sur lesquelles elle s’appuie :

« L’avis de l’ANSM qui souligne que les données d’immunogénicité sont insuffisantes pour permettre de statuer pleinement sur le rapport bénéfice/risque concernant l’administration des vaccins antivarioliques de 3e génération en population pédiatrique. »

« Cependant, l’ANSM considère que les données de sécurité historiques obtenues avec les vaccins de 1re génération (le vaccin était utilisé à partir de 1 an) […] sont en faveur de l’utilisation des vaccins de 3e génération […] Par ailleurs, bien que le vaccin Imvanex® ne soit pour l’heure autorisé que chez les adultes, plusieurs études concernant d’autres vaccins utilisant la même plateforme qu’Imvanex® (le Modified Virus Ankara – MVA), à des doses plus élevées que celles préconisées pour Imvanex®, ont démontré une bonne tolérance chez les enfants de plus de 4 mois. De plus, aucun effet indésirable n’a été rapporté après les vaccinations – y compris d’enfants et de nourrissons – lors de l’épidémie au Royaume-Uni en 2018 et 2019. »

 

 

C’est reparti pour les questions

Quels seront les « spécialistes » habilités à juger du bien-fondé de la vaccination des mineurs ? À partir de quelles données scientifiques pourront-ils avoir un avis éclairé et déterminer si les « bénéfices » de l’injection sont plus grands que les « risques » ?

Pourra-t-on considérer les enfants injectés comme étant des participants à une étude ? Seront -ils suivis de près comme dans le cadre d’une étude officielle ?

Combien d’enfants ont-ils été vaccinés pendant l’épidémie de variole du singe de 2018 et 2019 citée, quels « autres vaccins » ont-ils été alors utilisés et quelles sont les études citées ? Nous avons posé toutes ces questions à la Haute Autorité de santé ce 21 juillet 2022.

Soyons rassurés : la HAS « recommande l’accélération de la conduite des essais cliniques en population pédiatrique évaluant l’efficacité et la sécurité des vaccins antivarioliques de troisième génération en vue d’une extension d’indication en population pédiatrique par l’EMA ». On peut donc s’attendre, comme pour la Covid-19, à des autorisations express avant même la fin des essais cliniques.

👉 Lire la réponse de la HAS :

 

Image de la variole du singe par Alexandra_Koch de Pixabay

 

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