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Les États-Unis ubérisent leur système de santé

La crise Covid-19 a mis en lumière un système de santé à l’agonie. Les conditions de travail toujours plus délétères entraînent le départ de nombreux personnels soignants, et les hôpitaux ont du mal à pourvoir les postes vacants. Mais une entreprise américaine a trouvé la solution : ubériser l’hôpital.

Une start-up du nom de CareRev propose une solution « innovante » tant pour les hôpitaux en sous-effectif que pour leur personnel de santé en burn-out. Une application qui permet aux hôpitaux de trouver des soignants à la demande.

◆ La technologie au service de la santé ?

CareRev est une start-up américaine ayant déjà levé plus de 50 millions de dollars. L’entreprise s’est donné pour mission « de connecter de manière transparente les établissements et les professionnels de la santé par le biais d’une plateforme » et ainsi de « créer une main-d’œuvre plus souple et plus efficace dans le secteur des soins de santé ». L’application mobile identifie et connecte directement les professionnels de la santé, principalement des infirmiers à la recherche d’heures de garde, avec les hôpitaux. D’après le site de CareRev, plus de 500 établissements de santé sont concernés. Ces derniers paient les travailleurs par le biais de l’application, plus un pourcentage et des frais d’abonnement. Autrement dit, CareRev veut ubériser l’hôpital.

◆ L’ubérisation, une promesse de liberté

L’ubérisation décrit un type d’économie nouveau, qui met en relation directe un professionnel généralement indépendant et son client, par l’usage d’une plateforme numérique. Selon nombre d’entreprises utilisant ce modèle économique, l’ubérisation est un phénomène qui libère les salariés des contraintes organisationnelles et donne à ces derniers l’opportunité de ne pas avoir de patron ni d’horaires de travail. C’est d’ailleurs un des arguments de CareRev : « Prenez des congés quand vous en avez besoin, oubliez les astreintes et ne travaillez les jours fériés que lorsque vous le souhaitez. » Et pour le PDG de la société, Will Patterson, « les gens veulent travailler pour eux-mêmes dans ce secteur ». Mais, derrière cette image de liberté, se cache une vérité alarmante.

◆ La réalité de l’ubérisation

En effet, ces personnels soignants ne sont plus salariés, ils deviennent des entrepreneurs indépendants. Cela offre une flexibilité, certes, mais ce sont les plateformes qui fixent les règles. Selon les pays, les indépendants n’ont pas de droit au chômage et leurs cotisations sociales sont réduites. Ils n’ont pas le droit à des congés maladie, ils doivent souscrire une assurance personnelle, et l’ubérisation se traduit souvent par une diminution de la rémunération horaire du travail. La liberté est, ici, plutôt signe de précarité.

Les hôpitaux peuvent donc disposer d’une main-d’œuvre bon marché quand ils en ont besoin, et ils ne sont pas responsables de ces travailleurs lorsqu’il n’y a pas de demande pour leurs compétences. Ce modèle économique est-il vraiment souhaitable pour nos systèmes de santé, et pour nos sociétés ?

 

Images par Sasin Tipchai et postcardtrip de Pixabay 

 

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