« J’ai juste envie de contribuer à la paix dans ce monde. » Et vous ? Entretien

« J’ai juste envie de contribuer à la paix dans ce monde. » Et vous ? (Entretien)

Rencontre avec Claire Lecaplain, coopéractrice de paix, qui dédie sa vie à se pacifier, ou à aider les autres à le faire. Elle nous invite à dépasser nos programmations, nos traumas et nos peurs pour trouver notre être profond qui aspire à l’harmonie et à la congruence, malgré les injustices et les violences de ce monde.

Nexus : Tu te présentes en tant que « coopéractrice de paix », qu’est-ce que tu veux dire par là ?

Claire Lecaplain : La paix, c’est un état d’être où je vais être davantage en joie qu’en colère. C’est un endroit calme à l’intérieur de moi. Il y a plein de chemins pour s’y rendre, mais ils peuvent être encombrés. Mon rôle est de libérer ces chemins en moi et d’aider les autres à le faire en eux-mêmes. Pour moi, être « coopéractrice » de paix, c’est créer de petites paix en moi et donner des outils de petites paix aux autres pour que nous puissions recontacter notre joie et notre sérénité intérieures. Par exemple en faisant la paix avec notre conception de l’argent, de la politique, ou vis-à-vis d’une personne.

Mon intention est de donner des clés d’autonomie par la connaissance et la rencontre de nos fonctionnements intérieurs, physiologiques, émotionnels, mentaux, relationnels et pour ceux qui le souhaitent sur le plan spirituel.

J’ai plusieurs domaines d’intervention : les ateliers d’intelligence émotionnelle ou des principes du calendrier maya, le théâtre forum, les spectacles de clown ou encore les séances individuelles de lecture de thème de naissance avec les archétypes mayas.

J’ai l’impression d’aider à revenir à notre nature profonde d’amour et de recherche de lien, et j’aide à retirer les couches ou à accéder à cette profondeur que nous sommes.

Peux-tu nous résumer ton parcours ?

À 18 ans, au moment de remplir une fiche type « qu’est ce que vous allez faire après le bac », j’ai eu cette réponse intérieure : « Je n’ai pas du tout envie de travailler, j’ai juste envie de contribuer à la paix dans ce monde. » Mais l’instant suivant, des saboteurs intérieurs ont débarqué : « Mais pour qui tu te prends ? Tu te prends pour Nelson Mandela, va te rasseoir, tu vois bien comme tu n’es rien, quelle prétention ! » Je n’avais aucun outil pour faire face à cette déferlante intérieure. Alors, j’ai pris ce rêve et je l’ai placé au fond d’un placard de ma tête.

Et quelques années après, en écrivant un poème, j’ai réalisé que la première chose à faire pour contribuer à plus de paix dans ce monde, c’était de m’occuper de ma guerre intérieure.

Alors j’ai commencé dès 20 ans un long processus d’expérimentation et de rencontre du fonctionnement humain sur tous les plans, aussi bien du fonctionnement physique, par la danse, la conscience corporelle, les émotions, le clown, le chamanisme, des recherches thérapeutiques, la médecine chinoise, l’intelligence émotionnelle, la psychothérapie, et la spiritualité à la recherche de celle qui résonnait en moi, et j’ai rencontré le calendrier maya à travers l’initiation à la lecture de ce calendrier ou calendrier de la Paix.

C’est pourtant à 43 ans, après 7 ans de travail en usine, que j’ai pris conscience que ma vie n’avait pas de sens. Que j’avais perdu mon fil.

Et je me suis posé cette question : « Si j’apprenais que je n’avais plus que quelques mois à vivre, qu’est-ce qui serait pour moi le plus important de faire avant de partir ? » La réponse m’a surprise : « Contribuer à la paix ! » J’ai revu la jeune fille de 18 ans, j’ai entendu à nouveau les pensées saboteuses, j’ai compris que je m’étais moi-même mise au placard et qu’il était temps que je monte sur la scène de ma vie et que j’arrête d’être spectatrice de quelque chose que je me crois trop petite pour vivre. Et ce qui m’est apparu évident, c’est la nécessité de l’écoute des émotions, de remettre le clown en scène et de parler du calendrier de la paix. Je me suis alors donné 6 mois pour prévenir de ma démission et démarrer un nouveau chapitre en Creuse, car j’étais en Bretagne, trop loin de ma famille.

As-tu toujours été quelqu’un d’« intentionnellement » pacifique ?

Intérieurement, j’avais beaucoup de colère et de frustration en moi, contre mes parents, contre l’éducation, et plus tard contre les injustices sociales, les exclusions, les guerres.

En 95, j’ai participé à des combats de soutien aux sans-papiers à Paris et j’ai compris que j’étais en guerre contre les injustices et les guerres. J’avais l’impression de me battre contre des géants et je me faisais plus de mal que de bien, et je ne suis pas sûre d’avoir contribué à aider ou pacifier quoi que ce soit autour de moi.

J’ai eu l’impression que la guerre, la colère, les peurs, les frustrations que j’avais à l’intérieur amplifiaient ma manière de percevoir l’extérieur. D’où le processus de recherche pour m’occuper de cette intériorité.

Quand a eu lieu la bascule ?

Suite au 1er confinement, alors que je me mettais beaucoup de pression, j’ai fait une chute sur la tête, ce qui m’a obligée à m’occuper de mon corps, de ma santé pendant deux semaines. J’ai dû lâcher les préoccupations professionnelles. Alors, un espace s’est créé, pour entendre et voir très clairement en moi mon clown dans la rue qui partageait de l’amour et de la joie.

C’était une sensation tellement forte et tellement claire que je l’ai écoutée et, en une semaine, mon clown qui était endormi depuis plus de 15 ans a été réveillé et lancé.

Les mois qui ont suivi, les autres activités se sont mises en place.

Puis j’ai réalisé que tout ce que je faisais avait ce dénominateur commun, contribuer à la paix en soi ou autour de soi et, bizarrement, j’avais encore oublié que c’était mon intention de départ.

Je me suis retournée sur moi-même et j’ai vu que cela répondait à ce besoin.

Je sais que je ne vais pas changer le monde, mais je fais ce que je sens de faire, et à une petite échelle, cela contribue à de petites transformations et cela me réjouit.

Est-ce que la façon d’aborder les émotions et de les vivre influence notre capacité à vouloir et incarner la paix ? Comment ?

Oui, il y a cette idée préconçue qu’il faut contrôler, nier ou encore gérer nos émotions. Et c’est ce que j’avais tendance à faire, parce que c’est ce que j’avais appris. Et dans ces cas-là, une lutte se met en place.

Alors que si je sais que les émotions sont des informations, qui contiennent des messages dont l’intention est notre évolution, alors un dialogue se met en place. La communication avec nos émotions démarre. Avec son lot de fluidité et d’incompréhension, ça dépend des jours, bien sûr. Mais une écoute, une communication, une clarification des besoins se met en place. Et chaque chose et chaque être peuvent trouver leur place.

Tu animes des ateliers sur le calendrier maya. Peux-tu nous expliquer brièvement ce que c’est ?

Aujourd’hui, nous sommes calés sur le calendrier grégorien, un calendrier basé sur les taxes, les combats d’ego et les guerres. Voilà sur quoi nous nous synchronisons.

Le calendrier maya nous donne quant à lui l’intention de chaque jour, de chaque cycle, petit ou grand, mois, année, grand cycle de 26 000 ans.

La synchronisation est le but d’un calendrier. Donc le choix du calendrier influence notre conception du temps et nos concepts mentaux. Le calendrier maya propose de se synchroniser sur le temps naturel, avec les cycles planétaires réguliers, ainsi qu’avec les intentions de chaque cycle destinées à nous permettre d’évoluer. Ces intentions sont des informations présentes sur les plans subtil et collectif. Si nous nous accordons consciemment avec ces informations, nous permettons à une influence naturelle inconsciente évoluante de nous soutenir.

Par exemple, certains jours sont dédiés à la purification des émotions. Ce qui veut dire que ces jours-là, la circulation des flux est amplifiée. Donc, si je suis en résistance, en lutte contre mes émotions, cela va être plus difficile ce jour-là, tout va coincer. Alors que si je communique avec elles, elles vont aussi remonter à la surface et être amplifiées, et le nettoyage va pouvoir se faire en profondeur. Cette libération émotionnelle va permettre de libérer notre capacité à percevoir nos intuitions, à accéder à plus d’informations.

Découvrir le calendrier maya est intéressant si on commence à entrer dans ce temps naturel et à rencontrer les 20 énergies associées qui permettent d’entrer dans de nouvelles perceptions mentales, émotionnelles et spirituelles. Jusqu’ici, j’ai proposé des ateliers d’une demie-journée, mais je constate que c’est trop court et frustrant.

La prochaine étape est de proposer des stages de week-end pour permettre ce changement de perceptions.

Quelle est l’influence de ce calendrier sur notre tempérament, selon tes connaissances ?

Notre jour de naissance contient des informations spécifiques, comme chaque jour. Ce jour est inscrit dans un cycle de 13 jours, nommé onde enchantée du service planétaire. Cette énergie du jour de naissance et cette onde enchantée encodent en nous des informations relatives aux différents plans qui nous constituent.

Cela nous donne des informations sur les plans physique, émotionnel, mental et spirituel. Ces informations de base qui nous constituent peuvent s’exprimer en lumière et en ombre. Les connaître permet de faire des choix plus conscients et d’avoir plus de clés de navigation avec nos parts lumineuses et sombres.

Est-ce que selon toi, quelles que soient notre date de naissance et les influences cosmiques de ce calendrier, nous pouvons orienter notre énergie vers la paix en nous et autour de nous ?

Oui, bien sûr, cela dépend en partie de notre libre arbitre. Mais ce libre arbitre, nous pouvons le perdre à cause des traumas.

Nous sommes dans une société où il est difficile de connaître tous les traumatismes subis inscrits en profondeur. Je pense à tous les enfants qui ont vécu dans des climats insécuritaires, violents, avec peu d’argent, ou dans une insécurité physique, affective, psychologique. Et souvent, ces traumatismes ne sont pas dus à des évènements mais plus à des climats. Ce qui génère des stress profonds sur de longues durées, difficiles à déprogrammer.

Ainsi, nous devenons des pantins, facilement manipulables. Nous perdons notre pouvoir. Nous sommes sous le pouvoir de nos peurs ou de la culpabilité. C’est une expérience que je connais bien.

Et je crois que la paix avec des êtres manipulés ne peut pas se mettre en place.

Le calendrier maya nous donne des clés pour retrouver la conscience de qui nous sommes et notre pouvoir personnel. Ce qui pour moi est une grande clé de co-création de la paix. Retrouver sa liberté, son libre arbitre est un chemin sur lequel je suis, et au cours duquel il m’est nécessaire de partager ce que je comprends, ce que j’ai traversé et continue de cheminer.

Est-ce que tu parviens toujours à ne pas te laisser toucher par la haine, ou au moins une colère immense face aux actualités, par exemple ?

Je reste profondément touchée par tout ce qui se joue dans le monde.

La colère me traverse souvent, le sentiment d’impuissance. Mais cela me permet de montrer les résonances avec mes colères personnelles profondes qui remontent à ce moment-là pour que je les regarde. Et de me questionner sur comment je peux servir, sur ma place dans ce monde. Parfois, c’est trop dur et je suis submergée, en colère contre le fonctionnement social, avec un sentiment d’injustice.

Mais je sais que ces résonances me parlent de moi, de mon histoire, alors je vais voir.

Si elles te touchent encore, que fais-tu pour ne pas rester accrochée à la haine ou la colère ?

Je vais voir intérieurement en voyage introspectif, comme une méditation. Si cela me touche trop, je demande à une autre praticienne de m’accompagner pour recevoir les messages et libérer ce qui a besoin de l’être.

Peux-tu partager avec nos lecteurs un outil « pacificateur » ?

La première chose qui m’aide beaucoup : face à une émotion forte en moi, je me pose, je prends le temps d’écouter dans quel endroit de mon corps l’émotion se manifeste le plus et je pose la question à cet endroit du corps : « De quoi cette part de moi a-t-elle vraiment besoin qui ne concerne que moi et que je peux m’apporter moi ? » Autrement dit, je me demande de quoi j’ai profondément besoin et en quoi je peux répondre à ce besoin. Sans changer l’autre, ou les autres, ou la situation.

À trop vouloir la paix, ne prend-on pas le risque d’éviter de nécessaires « conflits », de ne pas combattre les injustices ou d’être dans le déni de nos besoins ?

Au contraire, je crois que toute vraie pacification est à l’écoute des besoins profonds et contribue à rétablir de la justice et de l’inclusion. Alors que la peur des conflits les nie et va en créer d’autres.

Peut-on faire la guerre pour la paix ?

C’est toujours une guerre, et c’est ce que je disais avant, je crois que ça nous parle de nos guerres intérieures.

Est-ce que faire des cercles ou des prières de paix est efficace contre les horreurs de ce monde, et suffisant ?

Il y a un livre, Le Pouvoir du huit, de Lynne Mc Traggard, qui a fait toute une série d’expériences de méditations avec des groupes de plusieurs centaines de personnes, pour envoyer de l’amour dans certains pays en guerre. Selon lui, il a été constaté dans les mois qui ont suivi chaque temps de méditation une diminution des conflits, sans lien de causalité scientifiquement attesté. Alors, bien sûr que ce n’est pas suffisant, mais je crois que ce sont toutes les petites actions qui ont la possibilité de s’allumer partout comme de petites lumières qui font la différence.

Je crois aussi que nous négligeons le pouvoir de la joie et de l’amour. Si chacun s’occupe de trouver le chemin dans lequel il se sent bien, joyeux, en amour de ce qu’il fait, alors je sens que cela contribue grandement à la paix intérieure et à la paix de ce monde.

As-tu un site internet ou autre(s) page(s) dédiée(s) à tes activités et ateliers ?

J’ai deux pages Facebook : Claire Lecaplain pour tous les ateliers et évènements sur les émotions et le calendrier maya, et Clairénette pour le clown, et je transmets mes informations par mail clairelecaplain@gmail.com. Si des personnes veulent des infos, elles peuvent suivre mes pages et m’envoyer un mail.

J’ai aussi une chaîne YouTube où je commence à faire des interviews et des podcasts avec mes poèmes.

Je n’ai pas de site pour le moment.

Quelles sont tes actualités ?

Prochainement, le 27᠎ avril à Guéret, nous proposons avec une amie accompagnante, Maud Hennebique, une journée de reconnexion au rêve du Monde. Dans cette intention de sortir de l’imaginaire colonisé par des informations étouffantes, nous proposons par un voyage au tambour, de l’expression artistique et de la parole de connecter et rêver le monde que nous aspirons profondément à cocréer.

Et mon clown Clairénette jouera le 9 juin au Fabuleux Destin à Aubusson.

Veux-tu ajouter quelque chose ?

Je crois que l’écoute de nos besoins profonds, non pas les besoins créés par la société de consommation, mais par nos aspirations, nos rêves et la simplicité de l’écoute de nos sens permet de retrouver notre guidance intérieure et de révéler nos talents. Alors la joie et l’amour à vivre sur cette Terre merveilleuse créent un champ merveilleux de paix en nous et autour de nous.

Je souhaite que chacun puisse vraiment écouter ses besoins et suivre ce que son cœur appelle à faire. À travers le décodage de son thème de naissance, le calendrier maya donne des indices pour écouter ce qui est en accord avec soi.

Propos recueillis par Estelle Brattesani

Photos de Claire par Tim Hetherington

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