Billet d'humeur

« La paix semble au bout du chemin quelle que soit la destination » (par un auteur anonyme)

En plus des articles écrits par les membres de la rédaction, Nexus diffuse désormais des messages rédigés par d’autres personnes à la plume alerte. Nous partagerons avec vous leurs coups de gueules et de sang, cris du coeur, évasions et analyses de l’esprit que nous trouvons pertinents. Aujourd’hui, rendez-vous avec un auteur anonyme qui décide de transcender l’horreur que lui inspire l’obéissance aveugle généralisée.

EROS ET THANATOS

Ça me rassure de savoir que cette vie aura une fin à une date non déterminée. Ça me rassure de savoir que peut-être les miens continueront de se souvenir de moi à travers les actes. J’aime déjà, de mon vivant, imaginer les voir se rappeler ce que j’ai tenté et je tente encore, chaque jour, pour leur avenir sur cette planète. Je sais déjà, je sens déjà, que ces tentatives leur rappelleront (une fois parti je ne sais quand) à quel point je les aimais et comme je les aime maintenant. Chaque tentative est comme un message du coeur. J’ai cessé de donner de l’importance aux mots, désormais je m’exprime en gestes et en actes. Ça me rassure de savoir que ma conscience ne me fait pas peur. Mes tentatives d’apporter un autre futur à ce monde viennent de ma conscience. De ma conscience à mon coeur, une seule et même volonté. C’est une volonté subversive dans une société qui se condamne, une volonté comme un message de vraie vie.

Certains passent leur vie à avoir peur de la mort, alors que pour moi la mort est l’essence même du passage dans la vie. Ceux qui ne font que vivre pour eux-mêmes ou pour plaire à cette société sans s’inquiéter du monde laissé à leurs descendants, ceux-là ne laisseront pas le même souvenir… Quelque part, ils se condamnent après la mort, de par la mort, au regard du désastre laissé en héritage par leur insouciance collective. Contrairement à ce qu’ils pensent, les jouisseurs bien conformes au modèle actuel n’ont pas vraiment de vie… Ils ne pensent pas loin. Ils pensent à leurs petits plaisirs immédiats et que le matériel laissé derrière eux suffira à leurs descendants. Du matériel hérité sur une planète qui se détruit, quelle belle affaire… Des dizaines de maisons et appartements, des voitures, des motos, des montres de collection, sur une planète qui se meurt, ça n’a aucun sens en termes d’héritage. Ça ne sert à rien pour faire revivre des écosystèmes.

J’ai eu la chance d’avoir l’héritage de grands-parents modestes, ils n’avaient pas le sou, donc pas de matière à me laisser, mais ils m’ont quand même donné le plus bel héritage qui soit, celui qui rend un petit-enfant riche toute sa vie : la capacité à obéir à sa conscience et désobéir à la société quand il faut lui désobéir.

L’obéissance aveugle sonne pour moi comme une damnation.

Quand je vois déambuler ces foules refusant de se poser des questions, au garde à vous devant leur télé, aux ordres de leurs propres bourreaux, je vois l’absence de vie, une mort déguisée en vivants. La pire des choses pour moi serait de ressembler à tous ceux qui obéissent à leurs maîtres à penser, ceux ayant peur de mourir au point d’en oublier leurs propres vies. Mourir en ayant conscience de n’avoir rien fait réellement pour préserver la planète qu’on va laisser, quel échec. C’est laisser derrière soi les siens promis à un avenir infernal.

Je ne crains pas plus la mort que la vie, car vivre au milieu des damnés de l’obéissance n’a rien d’agréable, mais me dire que je tente des choses au milieu de tout, ça me donne le sourire. Je construis un autre type d’Existence comme une lettre à tous ceux que j’aime, sans jamais percevoir si j’y vivrai un jour heureux. Si oui, tant mieux. L’important n’est pas la destination, mais le chemin. Les miens liront avant tout le chemin. En conscience de ces tentatives de faire quelque chose pour eux, en présence de cet amour pour eux, ni la vie ni la mort ne sont pour moi un problème. A la fin de l’expérience, avec comme bagage la conscience d’avoir tenté pour mieux montrer qu’on aimait, la paix semble au bout du chemin quelle que soit la destination, et s’il n’y a pas de destination autre que le néant, la paix quand même.

 

Image par PhotoVision de Pixabay

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