Autonomie alimentaire

À La Chapelle-Baloue, on greffe et on plante des arbres pour l’avenir

Pour fêter le printemps, la commune de La Chapelle-Baloue a invité les habitants à venir greffer et planter les futurs arbres fruitiers du village, aux côtés d’associations venues les guider.

Le 26 mars 2022, c’était l’effervescence au sein de La Chapelle-Baloue. Les associations Les Croqueurs de pommes et Yvette Vallée en Transition étaient présents pour apprendre aux habitants de ce village creusois à greffer leurs futurs arbres fruitiers qui resteront deux ans en pépinière le temps de devenir plus vigoureux, avant d’être replantés dans toute la commune. L’occasion de se réunir et de créer du lien social, d’enjoliver les paysages, mais aussi de contribuer à rendre la commune plus nourricière.

◆ L’occasion de transmettre et d’apprendre

Cela faisait des semaines que le comité municipal dédié au fleurissement, à l’embellissement et à la résilience alimentaire de la commune s’activait pour organiser cet événement. Composés d’élus et de citoyens, ses membres, dont l’objectif était de parsemer le village d’arbres fruitiers, ne connaissaient pas grand-chose aux arbres. S’ils ne s’attendaient pas à autant de travail, ils ont appris beaucoup depuis. « Je pensais qu’un arbre fruitier poussait à partir d’un pépin à mettre en terre et qu’il fallait laisser faire », confie Estelle, l’une des membres citoyennes du comité. Si un arbre peut pousser de cette façon, que ses fruits soient bons n’est pas garanti. « La graine qui va se développer ne donnera pas une plante aux caractéristiques identiques à celles de l’arbre dont elle est issue. On peut se retrouver avec des fruits insipides. La greffe permet de sélectionner des espèces goûtues et adaptées au territoire », leur explique Hervé Mauclère, fondateur de l’association Yvette Vallée en Transition et créateur d’un verger des habitants à Saint-Rémy-lès-Chevreuse, venu jusque dans la Creuse pour transmettre sa passion pour les arbres.

◆ Les Croqueurs de pommes, des alliés essentiels

C’est donc dans l’aventure des greffes d’arbres qu’il a fallu se lancer : apprentissage de ce qu’est un porte-greffe, un greffon, ainsi que de la méthode pour les assembler grâce à un greffoir, du mastic à greffer et des élastiques. Initiation aux différentes sortes de greffes possibles selon la variété concernée et la période de l’année. Tout cela n’aurait pu se faire sans de l’association nationale Les Croqueurs de pommes comptant une soixantaine d’associations locales et plus de 8000 adhérents qui constituent la force de la sauvegarde des espèces fruitières régionales anciennes et en voie de disparition. L’antenne creusoise et sa présidente Hélène Baroni ont guidé les novices à toutes les étapes, de l’achat de porte-greffes à la plantation en pépinière. Moyennant une simple adhésion prise en charge par la commune, en plus de la théorie, c’est de la pratique qui leur a été enseignée au sein d’un atelier collectif. En matière de logistique, l’association a été également d’un soutien très précieux, notamment pour le choix et la commande des porte-greffes et pour l’accès à des greffons d’arbres locaux, donnés par des membres de l’association. Et ça n’est pas fini, puisqu’il va falloir désormais surveiller, protéger et accompagner les bébés pommiers, poiriers, pruniers et cerisiers jusqu’à une certaine maturité et leur plantation finale.

◆ Un projet initié par la mairie

Face au changement climatique et à la raréfaction des ressources, Béatrice Gomes, maire de La Chapelle-Baloue, a choisi de développer dans sa commune une vie plus respectueuse de l’humain et de l’environnement. Même si pour elle, le meilleur moment pour planter des arbres aurait été vingt ans auparavant, elle reste optimiste : « Le deuxième meilleur moment, c’est maintenant. Il est encore temps de “faire notre part” de Colibri, en donnant le maximum, à notre niveau, pour initier et faciliter le changement. » La commune ayant peu de moyens, Mme Gomes a choisi de s’appuyer sur le tissu social et associatif pour atteindre ses objectifs. « Le lien social est indispensable à la réalisation des projets communaux et permet en outre de favoriser le vivre-ensemble et de lutter contre l’isolement. »

Jérôme Pasdelou, conseiller municipal et membre organisateur très actif de l’événement, se réjouit du passage d’une cinquantaine de personnes à cet après-midi greffes. « Pour un village de 130 habitants environ, c’est encourageant. » Planter des arbres fruitiers faisait partie des points fondamentaux du programme de la nouvelle équipe municipale. « Avant ces 60 arbres, nous avions déjà planté une cinquantaine d’arbres non greffés pour étoffer les haies de notre village. Au-delà de notre volonté de faire de La Chapelle-Baloue un village harmonieusement fleuri et végétalisé, cet objectif s’inscrit dans un projet plus global. Aux côtés de Béatrice Gomes, nous avons en tête d’atteindre des objectifs de résilience, notamment en assurant une eau de qualité actuellement gérée par notre régie communale, en constituant une réserve de semences paysannes et locales, et en développant ce que nous pourrons en matière alimentaire et énergétique. »

◆ Une synergie locale à entretenir

Membres du comité et habitants de la commune, élus ou non, se sont mobilisés et ont pris plaisir à coopérer : coupe de bambous pour en faire des tuteurs, prêt de matériel, creusage des sillons et travail de la terre pour la pépinière, organisation de l’événement, préparation du goûter, tournage d’une vidéo de l’événement par un journaliste local, tout cela s’est orchestré à plusieurs pour faire de ce moment de transmission l’occasion de passer un moment joyeux tout en œuvrant pour la collectivité. Toutes les générations étaient présentes, ainsi que des habitants de communes alentour. Un dynamisme encourageant à maintenir pour développer la résilience territoriale sur du plus long terme. « Quand nos arbres donneront des fruits, les pèlerins sur le chemin de Compostelle qui traverseront notre village n’auront plus qu’à tendre la main », ajoute Michèle Picoty, conseillère municipale et responsable du comité. « C’est bien que cet article de presse soit fait », conclut Jérôme. « Mais le mieux encore est de lâcher nos écrans, d’agir concrètement, et de mettre les mains dans la terre : c’est le moment ! »

 

 

👉 Prendre contact avec l’association Les Croqueurs de pommes : https://croqueurs-national.fr/ 

 

Article par Estelle Brattesani

 

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