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Convoi pour la liberté : des routiers et des citoyens se mobilisent au Canada et aux États-Unis contre les mesures sanitaires

Un nouveau cap restrictif a été franchi : entre le Canada et les États-Unis, lorsque les projets de loi qui viennent d’y être votés seront mis en application, il faudra un pass vaccinal pour franchir les frontières, même pour le transport de marchandises. Cela n’a guère plu à certains routiers, très vite rejoints par des citoyens chaque jour plus nombreux, qui se sont lancés dans un Convoi pour la liberté en direction d’Ottawa où se trouve le Parlement canadien, afin de faire plier le gouvernement le vendredi 28 janvier 2022.

 

Les médias mainstream français n’évoquent pas cette information. Nous avons donc contacté un des porte-paroles du collectif français Colère Routiers pour savoir s’il avait des informations précises et fiables au sujet de ce qui se passe au nord du continent américain, et s’il imaginait qu’un tel convoi puisse être créé en France.

◆ Des informations sur Internet à passer au peigne fin

Comme nous l’avions pressenti, le collectif français est bien quotidiennement en lien avec des chauffeurs canadiens. Immédiatement, Marc, l’un de ses membres fondateurs, nous a mis en garde contre la désinformation que l’on peut trouver sur la Toile, que ce soit par l’amplification de la réalité ou par les tentatives de l’amoindrir, voire de l’étouffer. « On lit qu’il y a actuellement plus de 35 000 camions qui se dirigent vers Ottawa. D’après notre contact canadien sur place, le nombre de participants est moindre. Des photos montrant des files de véhicules datant de bien avant cet évènement circulent. En revanche, quand le Premier ministre canadien, Justin Trudeau, essaie de minimiser le mouvement, lui aussi se trompe », nous explique Marc.

◆ Un mouvement de solidarité ample et rapide

« C’est un beau mouvement, c’est touchant de voir toute cette solidarité. » D’après Marc, le convoi est parti des États-Unis lorsque Joe Biden et Justin Trudeau ont imposé le pass vaccinal aux frontières entre leurs deux pays. Actuellement, plusieurs convois sont en route pour Ottawa, la capitale du Canada, composés également d’autres véhicules qui se sont greffés (joints) aux camions, type van ou pick-up. Ils projettent d’arriver le vendredi 28 janvier.

Sur le trajet, la population les encourage aux abords des routes avec des drapeaux et une cagnotte (c’est le même lien que sur GoFundMe, supprimer ici ?) réunissant plus de 6 millions de dollars pour apporter aux chauffeurs essence, nourriture et soins. Cagnotte qui pour l’instant aurait été gelée par le site GoFundMe tant qu’il n’aura pas reçu les justificatifs, alors que la somme récoltée augmente à vue d’œil.


◆ Des situations différentes

D’après le contact canadien de Marc, la situation pour les chauffeurs canadiens est beaucoup plus dure que celle des chauffeurs français. D’après lui, au Canada, les chauffeurs ont des itinéraires très longs, ils sont pour la plupart propriétaires de leur camion et sont indépendants, ils ne peuvent même pas s’arrêter dans un restaurant routier pour aller aux toilettes. Certains non-vaccinés se voient même refuser la réparation de leur véhicule dans un garage.

◆ Un équilibre qui repose sur les transports routiers

« Nous les routiers français, on est passés à travers les gouttes du pass sanitaire pour pouvoir travailler en France. Suite à notre mobilisation en 2020, le gouvernement a retiré l’obligation pour nous de présenter un pass pour aller manger dans un restaurant routier. Il a bien senti que ça serait la rébellion s’il ne se retranchait pas. Nous les chauffeurs, nous avons l’économie du pays entre les mains : les stocks sont dans nos camions, pas dans les magasins qui se retrouveraient vides très vite si on ne livrait pas, avec toutes les conséquences que cela aurait sur une population non résiliente, qui croit que son frigo se remplit par magie et qui n’anticipe rien.

Mais cela ne nous empêche pas d’être des citoyens à part entière dès que nous descendons de notre véhicule. Et nombreux sont ceux parmi nous qui, même vaccinés, réalisent que ce vaccin n’a rien changé au niveau des libertés, et qui aspirent à ce qu’un réel mouvement de solidarité interprofessionnel se crée. »

◆ Une épopée qui pourrait en inspirer d’autres ?

Marc poursuit : « Je pense que si les grands médias officiels ne relaient pas cette information, c’est parce que les autorités ont peur de l’effet boule de neige et que cela donne envie à d’autres pays d’organiser de tels convois. » Pour l’instant, notre interlocuteur ne semble pas très convaincu quand on lui demande s’il imagine un tel convoi en France. Il en a assez d’entendre que les routiers sont des privilégiés, des « sans-couilles qui ne pensent qu’à eux », qui ont été « achetés par les syndicats » et qui n’oseront jamais faire ce que les conducteurs canadiens et américains sont en train de faire.

« Si on veut que les choses avancent, il va falloir arrêter avec cette mentalité de faire porter la responsabilité de notre propre inaction à notre voisin, qu’on accuse de ne rien faire alors qu’on ne fait rien soi-même. Nous en avons marre que les syndicats utilisent des méthodes de revendication que nous estimons désuètes, comme les manifs et les communiqués de presse seulement, et nous estimons que cela est trop risqué d’inciter les chauffeurs à bloquer les routes, car d’après la loi, nous n’en avons pas le droit et pouvons nous faire retirer notre permis. Il y a des alternatives à ces méthodes. »

◆ Pas d’action efficace sans union et sans réflexion

« Nous avons donc créé notre propre structure syndicale en mai 2021, l’UNCR (Union nationale des conducteurs routiers). C’est quand on fait les choses par soi-même qu’on se rend compte à quel point elles sont difficiles, surtout si on ne se fédère pas. Alors à ceux qui voudraient que les routiers lancent seuls le mouvement pour les libertés, je réponds : “Prenez aussi votre véhicule, discutons-en, et voyons ce qu’on peut faire, ensemble.”

L’attention des gens a été détournée depuis deux ans par la crise sanitaire, alors qu’aujourd’hui, la situation sociale est pire qu’au début des Gilets Jaunes. Il faudrait qu’ils se reconcentrent sur les vraies problématiques comme l’augmentation des prix, la stagnation des salaires, l’absence de résilience alimentaire et énergétique, de pouvoir décisionnel citoyen. »

En attendant une coordination française, nous verrons si Justin Trudeau ne reculera pas sur la vaccination des camionneurs, comme il l’a annoncé.

 

 

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