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Pédocriminalité : 80 personnes placées en garde à vue après le premier coup de filet de l’Office mineurs

80 individus soupçonnés de pédocriminalité ont été interpellés et placés en garde à vue cette semaine en France. Une opération qui a été menée dans 53 départements, coordonnée par le nouvel Office mineurs (OFMIN) créé en août 2023 pour améliorer la lutte contre les violences faites aux mineurs.

Du personnel s’occupant d’enfants mis en cause

Selon Actu17, sur ces 80 individus placés en garde à vue, « 13 d’entre eux ont été écroués, 38 autres placés sous contrôle judiciaire alors que les investigations se poursuivent ». Parmi les personnes mises derrière les barreaux, deux professeurs des écoles, ainsi qu’un surveillant de nuit travaillant dans un foyer pour enfants en situation de handicap, qui serait déjà connu des services de police pour des faits d’agressions sexuelles, mais qui aurait changé d’identité avant d’être embauché.

Un office récemment créé

C’est donc le premier coup de filet de l’OFMIN tout nouvellement créé. Mis en place par un décret du 29 août 2023 et inauguré le 20 novembre 2023, cet office est, en plus de ses missions d’enquête et de coordination, « chargé de procéder à l’étude et l’évaluation des phénomènes criminels liés aux atteintes faites aux mineurs et de créer des programmes de formation à destination des forces de l’ordre et des agents de ministères. […] La vocation de l’OFMIN est d’améliorer l’efficacité du traitement judiciaire des violences faites aux mineurs. »


Les violences spécifiques faites aux mineurs 

La directrice de l’OFMIN, Gabrielle Hazan, qui a déjà été responsable auparavant de la lutte contre les violences intrafamiliales en France, intervenait le 1er décembre sur RTL : « C’est la première fois qu’on a créé un service de police judiciaire avec une compétence nationale qui est définie non pas en fonction de la qualité de l’auteur, mais en fonction de la qualité de la victime. Et ça, c’est très important puisqu’on vient dire ainsi que les violences qui sont faites aux enfants sont des violences qui sont spécifiques, et qu’elles appellent donc un traitement particulier de la part des forces de l’ordre. »

De grosses ambitions avec une équipe restreinte

Gabrielle Hazan est lucide, l’OFMIN ne peut prendre en charge les agressions de 160 000 enfants et adolescents qui sont victimes de violences sexuelles chaque année. Sans compter celles qui ne sont pas déclarées : « À l’office, on reçoit chaque jour 700 signalements qui sont faits sur Internet de contenus pédocriminels qui sont échangés en ligne en France. On fait un travail de tri, d’analyse, d’exploitation, et ces signalements sont ensuite partagés. Les signalements les plus sensibles vont faire l’objet d’enquêtes au cœur de l’office, et les autres signalements, et c’est tout l’enjeu d’ailleurs de la création d’un office central, c’est d’arriver à les communiquer aux services territoriaux pour qu’ils soient traités aussi par les autres services. Ce ne sont pas les 85 policiers et gendarmes et personnel administratif de l’office qui vont pouvoir prendre à eux seuls en charge toutes les victimes. En revanche, il faut qu’on impulse une véritable dynamique, et qu’on arrive à spécialiser les autres services d’enquêtes partout en France pour qu’on puisse prendre en compte mieux que ce qu’on fait aujourd’hui cette délinquance. »

Réel et virtuel sont liés

Gabrielle Hazan relate : « Depuis que j’ai pris mon poste, je suis marquée par un constat : dans la moitié de nos dossiers, on constate qu’un internaute qui va visualiser des contenus pédocriminels en ligne est passé ou passera à l’acte ensuite, en commettant à son tour des abus sexuels sur mineurs. La pédocriminalité et l’inceste sont aujourd’hui le même phénomène criminel. L’homme qui viole sa fille est très souvent passé par Internet auparavant. Très souvent, il aura visionné des contenus à outrance, qui auront aussi amené une banalisation de cette criminalité […] Pour certains, ils iront même jusqu’à filmer leurs abus et les diffuseront en ligne et les échangeront avec d’autres pédocriminels. C’est parfois ça qu’on a du mal à se figurer, ce sont les mêmes auteurs auxquels on fait face. Et de même qu’on se dirait qu’on ne laisserait pas un adolescent seul dans la rue, entouré de dix adultes malveillants, en réalité il est confronté aujourd’hui au même risque qui est bien réel dans la vie virtuelle. S’il y a un message à faire passer, c’est de faire appel à la même précaution dans nos vies physiques et dans nos vies virtuelles. »

Des prédateurs souvent proches

La directrice de l’OFMIN poursuit : « L’enjeu pour nous est d’arriver à trouver, parmi les internautes qui visionnent ce contenu, ceux qui les ont également produits […] des gens qui ont violé et abusé des enfants qu’ils auront trouvés très souvent dans leur entourage, à 80 % dans un entourage familial. C’est très souvent difficile pour un enfant d’aller dénoncer un adulte qui fait partie de son cadre de confiance qui est un adulte référent et lorsqu’ils le font, ils sont encore à ce jour insuffisamment crus et écoutés. »



Tous un rôle à jouer

« Chaque jour, il y a près de 440 enfants et adolescents qui sont victimes de violences sexuelles en France. Au final, il n’y aura qu’une cinquantaine de faits qui seront portés à la connaissance des forces de l’ordre. On a tous un rôle à jouer pour prévenir et surtout pour détecter les violences. Si vous détectez un contenu illicite en ligne, vous pouvez le signaler, et c’est même un devoir de citoyen, je dirais, de le signaler aujourd’hui sur la plateforme Pharos. Si vous êtes témoin de violences devant vos yeux, le réflexe à avoir, c’est d’appeler le 17. Vous pourrez aussi mettre fin, vous, en tant que citoyen […] à des faits qui sont en train de se commettre. Et enfin, si vous êtes victime, cette fois, ou alors témoin et que vous avez besoin d’échanger, il y a un numéro d’écoute qui est le 119, qui a été mis à disposition et qui fonctionne 24 h sur 24 et 7 jours sur 7. »

Si l’on peut saluer les missions officielles de cet office, peut-on espérer que lorsque des personnalités influentes seront impliquées, il n’y aura pas deux poids deux mesures dans la façon de traiter les dossiers et que tous types de réseaux pourront être démantelés ? On peut aussi se demander si les cours d’éducation sexuelle parfois vécus comme traumatisants par les jeunes élèves auront également les conséquences négatives sur la psyché et les comportements sexuels des enfants et adolescents. Et si les outils de surveillance numérique utilisés pour débusquer les agresseurs sexuels ne seront pas utilisés à d’autres fins.

 

Article par Estelle Brattesani

👉 Voir notre dernière interview de Karl Zéro 

👉 Lire notre dossier consacré à la pédocriminalité dans notre numéro 91 (mars-avril 2014) :

NEXUS n° 91 (mars-avril 2014)

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