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Hydrogène blanc : le nouvel or de la France ?

Suite à la découverte d’un énorme gisement d’hydrogène blanc en Lorraine, qui pourrait être le plus important du monde avec 46 millions de tonnes potentielles, le président de la République a annoncé le 11 décembre dernier « des investissements massifs » pour explorer les ressources françaises dans ce gaz naturel qui est, selon lui, une « énergie du futur ». A-t-on trouvé le nouvel eldorado ?

Un espoir inattendu pour la France

Les meilleures trouvailles se font souvent par hasard. C’est en voulant sonder les éventuelles ressources du sous-sol lorrain en méthane que des chercheurs du CNRS sont tombés au printemps 2023 sur du dihydrogène naturel, également appelé hydrogène blanc. Et pas en petite quantité : 46 millions de tonnes potentielles, ce qui en ferait, si leurs estimations se confirment, le plus gros gisement connu à l’heure actuelle dans le monde !

De quoi redonner de l’espoir à toute une région économiquement sinistrée depuis la fermeture des mines de charbon. Car la découverte a eu lieu à Folschviller, une petite commune située dans l’ancien bassin houiller du département de la Moselle, à deux pas de la frontière allemande. Mais derrière la Lorraine, c’est toute la France qui se prend à rêver, à commencer par son président, Emmanuel Macron, qui a annoncé le 11 décembre dernier à Toulouse vouloir faire « des investissements massifs » pour explorer cette ressource naturelle « dont l’intérêt est croissant pour la décarbonation de l’industrie et des transports ». Son ambition est de faire de notre pays l’un des « pionniers dans cette énergie du futur », de « sécuriser les projets et de les inscrire dans notre stratégie de souveraineté ».

Une énergie a priori propre, bon marché et aux ressources infinies

L’hydrogène naturel est appelé hydrogène blanc pour le distinguer de l’hydrogène vert (produit à partir d’énergies renouvelables), de l’hydrogène gris (produit par transformation du gaz naturel) et de l’hydrogène noir (produit à partir du charbon). Contrairement aux autres « couleurs », l’hydrogène blanc se trouve à l’état brut dans la nature. Il s’agit donc d’une ressource primaire, directement disponible et n’ayant pas besoin de subir de transformation.

Principaux avantages : aucun CO2 n’est émis pour le produire, ce qui en fait une énergie propre, et son coût d’exploitation sera forcément inférieur à ceux des hydrogènes industriels, ce qui en ferait une alternative bon marché. Par ailleurs, contrairement aux combustibles fossiles qui mettent des millions d’années à se former, l’hydrogène blanc est perpétuellement reconstitué. Concernant le réservoir de Folschviller, « l’hypothèse que nous favorisons aujourd’hui pour expliquer sa présence dans le sous-sol lorrain laisse présager une ressource presque infinie de ce gaz », notent Jacques Pironon et Philippe de Donato, les deux scientifiques du laboratoire GeoRessources (CNRS – Université de Lorraine) à l’origine de sa découverte.

Trouver des techniques d’extraction « respectueuses de l’environnement »

Le problème désormais est de réussir à mettre au point des techniques d’extraction de cet hydrogène blanc, que le chef de l’État dit vouloir « les plus respectueuses de l’environnement ». Pour que le rêve devienne réalité, il faudra également explorer, cartographier et créer une filière française de l’hydrogène. D’où les investissements massifs annoncés (sans que l’on sache le montant de l’enveloppe) pour soutenir l’innovation, les recherches et les travaux en cours. Un premier permis d’exploration d’hydrogène naturel a d’ailleurs été accordé le 3 décembre dernier pour une durée de cinq ans à la société TBH2 Aquitaine, dans les Pyrénées-Atlantiques.

Problèmes de sécurité et de transport

Le seul bémol qui peut être apporté à l’hydrogène (au blanc comme aux autres) est la question de sa sécurité et les risques de fuite. « Non seulement les molécules d’hydrogène sont beaucoup plus petites et plus légères que celles du méthane, ce qui les rend plus difficiles à contenir, mais elles sont également beaucoup plus explosives que le gaz naturel, ce qui soulève des problèmes de sécurité », indique L’Observatoire de l’Europe, en rappelant que c’est la raison pour laquelle les véhicules électriques ont été préférés aux solutions à hydrogène. Toutefois, ce carburant « pourrait être mieux adapté aux véhicules lourds qui ne peuvent pas facilement utiliser de batteries, comme les camions, les navires et les avions, ainsi qu’à l’industrie sidérurgique et aux processus chimiques comme la production d’engrais », ajoute le site.

Autre souci concernant son transport : l’hydrogène « prend beaucoup de place sous forme gazeuse et nécessite une température de –253 °C pour être liquéfié, ce qui pourrait être d’un coût prohibitif ». Enfin, toujours selon L’Observatoire de l’Europe, « les scientifiques affirment que l’hydrogène peut corroder les tuyaux métalliques et provoquer des fissures» et ne pourrait donc être acheminé par les gazoducs existants. Il faudrait donc construire des infrastructures adaptées et en maîtriser la sécurité.

Un chemin sans doute encore long

Si avoir déniché un tel réservoir d’hydrogène naturel en France est donc d’un grand intérêt pour les enjeux de transition énergétique et représente une aubaine dont les répercussions économiques pourraient être colossales, les difficultés techniques à résoudre autour de l’exploitation et de la commercialisation de cet or blanc font que le chemin sera sans doute encore long avant de pouvoir en savourer les fruits.

Article par Alexandra Joutel

 

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