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Instruction à domicile : la France obéira-t-elle à Macron ?

Sous couvert de lutter contre la radicalisation religieuse ou l’illégalité de certaines écoles, Macron, dans un tweet du 2 octobre 2020 a annoncé que « Dès la rentrée 2021, l’instruction à l’école sera obligatoire pour tous dès 3 ans, l’instruction à domicile étant strictement limitée, notamment aux impératifs de santé », en plus de vouloir surveiller davantage les écoles hors-contrat. Reste à savoir si une telle mesure respecterait la loi et  la volonté des parents, qui restent aux premières loges pour décider du sort de leurs enfants.

 

instruction domicile


◆ Un effet d’annonce qui reste à valider et à préciser

Notons la façon de s’exprimer d’Emmanuel Macron : il utilise le futur, comme si une loi avait déjà validé ses propos, ce qui n’est le cas. Il nuance également ses propos, en déclarant que l’instruction à domicile sera limitée, « notamment aux impératifs de santé ». Le terme « notamment » qu’il utilise dit bien que les impératifs de santé ne pourront pas être la seule raison de la limitation de l’instruction à domicile. Un « notamment » que tout le monde ne semble pas voir. Des médias, inconsciemment ou non, nous préparent psychologiquement à accepter cette situation. On peut lire par exemple dans un article de France Info que : «  A la rentrée 2021, les parents n’auront plus la liberté d’instruire leurs enfants à la maison, s’ils le souhaitent. Tout enfant en âge d’aller à l’école devra obligatoirement être scolarisé, sauf “impératifs de santé” »  ce qui provoquerait le chamboulement de près de 70000 enfants selon le site l-ecole-a-la-maison.com.

◆ La loi, un rempart contre l’autoritarisme

Pourtant, ce genre de propos ne peut pas être pris pour argent comptant. En effet, comme le rappelle plusieurs articles, une telle mesure ne serait pas constitutionnelle. Déjà en 2018, lorsque le Gouvernement a voulu durcir les conditions d’ouverture des écoles hors-contrat, on pouvait lire dans un article du Figaro relayant les propos d’une avocate que « le législateur, tout auteur de la Loi qu’il est, reste soumis à des principes qui lui sont supérieurs: la loi est inscrite dans une hiérarchie des normes avec au-dessus d’elle les Conventions Internationales et au sommet la Constitution» et que la liberté de l’enseignement est un « principe à valeur constitutionnelle ». L’article cite également, entre autres textes de loi, l’article 26-3 de la Déclaration Universelle des Droits de l’Homme : « Les parents ont, par priorité, le droit de choisir le genre d’éducation à donner à leurs enfants ». Reste à savoir donc si le Conseil des ministres tiendra compte de ces limites légales ou symboliques lorsqu’il débattra le 9 décembre, ainsi que le Parlement pendant le premier semestre 2021.

Image par Arek Socha de Pixabay


◆ L’école à la maison, réelle envie ou façon d’échapper à la dictature sanitaire ?

L’instruction en famille étant minoritaire en France, le confinement nous a aidés à comprendre de manière plus globale qu’instruire nos enfants n’est pas de tout repos, que cela demande beaucoup de temps et d’énergie, qui ne sont alors plus disponibles pour travailler, s’occuper de soi ou faire bouillir la marmite. Pour s’adonner à cette mission, il faut en avoir les capacités intellectuelles, psychologiques, temporelles et matérielles. Mais certains parents, malgré les contraintes de cette prouesse, s’y adonnent actuellement parce qu’ils l’ont choisi, ou parce qu’ils y ont été contraints, notamment pour préserver la santé ou l’équilibre psychique de leurs enfants. Par exemple afin de leur éviter le port du masque obligatoire toute la journée, comme cette maman dont nous avons relayé le témoignage, sa fille de dix ans s’étant vue interdire l’accès à son collège malgré un certificat médical l’exemptant du port du masque, délétère pour elle. D’autres parents encore, alors qu’ils aimeraient vraiment inscrire leurs enfants dans des écoles alternatives hors-contrat type Steiner ou Montessori, n’en ont pas les moyens et se sont rabattus sur l’instruction à la maison pour transmettre à leurs enfants les valeurs de bienveillance, d’esprit critique, de coopération et de libertés transmises dans ce genre d’établissements scolaires.

◆ Une loi pour accroître le contrôle de la vaccination ?

Bon gré ou mal gré, d’autres parents se sont improvisés professeurs pour ne pas suivre l’agenda de la vaccination obligatoire à la lettre. Rappelons que depuis janvier 2018, onze vaccins sont  obligatoires et doivent être injectés à nos enfants avant leurs deux ans, ainsi que le rappel de certains d’entre eux, condition pour pouvoir intégrer une école ou d’autres structures collectives depuis janvier 2018, malgré le rapport peu favorable à l’obligation vaccinale d’un comité de consultation citoyenne représentant la société civile, des professionnels de la santé et des chercheurs en sciences humaines et sociales : « Le comité conclut que la levée de l’obligation vaccinale est l’objectif à atteindre. Néanmoins, dans le contexte actuel de perte de confiance et de baisse de la couverture vaccinale, il lui apparaît nécessaire de réaffirmer le bien-fondé de la vaccination. Pour ce faire, le comité préconise un élargissement temporaire du caractère obligatoire des vaccins recommandés de l’enfant, assorti d’une clause d’exemption et de leur gratuité ».

Précisons que parmi les parents réticents à la vaccination, tous ne sont pas anti-vaccins, mais contre le fait qu’il y en ait onze à faire, à des enfants si jeunes, sous forme de cocktails plutôt que des monovalents, avec des adjuvants qu’ils estiment dangereux. Qu’ils seraient pour la liberté vaccinale, comme dans la majeure partie des autres pays européens, ou au moins, pour le fait de pouvoir vacciner leurs enfants une fois plus âgés et de manière plus espacée, avec une transparence totale sur leurs composants et les risques d’effets secondaires sur le court et long terme. Et rappelons aussi que cette loi sur l’obligation vaccinale vient contredire moult autres textes internationaux et nationaux sur le droit à disposer de notre corps. (Lire notre dossier “Vaccine or not vaccine ?” de vingt pages sur l’obligation vaccinale dans notre numéro 129 en vente sur notre site internet / Lire notre article “Big ou Bad Pharma” dans notre numéro 113)

◆ Régler le problème à la source, que ce soit à l’école, à la maison… ou en soi !

On peut donc s’inquiéter du fait que, malgré tous ces remparts juridiques et familiaux, une loi interdisant sauf exception médicale, ou limitant très fortement l’instruction en famille puisse être néanmoins validée et imposée par nos institutions. Mais le sera-t-elle par la population ?
Oui, des familles dans certains pays se damneraient pour que leurs enfants puissent aller à l’école. Oui, il existe en France des dangers pour les enfants dans certaines écoles illégales ou certaines familles, notamment la volonté de séparer les enfants du reste du monde avec des valeurs anti-républicaines. Oui, il y a des enfants qui se sentent isolés et qui préfèreraient aller à l’école plutôt qu’avoir leurs parents en tant que professeurs. Tout comme il existe des comportements violents et injustes de la part de professeurs ou chefs d’établissements dans les établissements scolaires académiques, des enfants qui s’y sentent mal, qui voudraient en sortir  et qui vont-même jusqu’à se suicider. Est-ce pour autant que nous fermons toutes les écoles classiques ? Dans tous les cas, un contrôle régulier s’avère nécessaire, mais serait-il acceptable d’interdire toute forme d’instruction à domicile, parce qu’une minorité, quel que soit son courant religieux (ou pas d’ailleurs !), ne respectent pas les droits et devoirs fondamentaux ? Ou faut-il traiter le problème à la racine et débusquer et empêcher, que ce soit à la maison ou à l’école, ce qui peut nous rendre haineux ? Les mensonges de toutes sortes, la volonté de domination sur autrui, le manque de transparence, l’insufflation de la peur généralisée, l’incitation à l’obéissance sans conscience, la soumission servile sans esprit critique ni libre-arbitre, la violence verbale ou physique, le manque de connexion avec la nature et soi-même, ne font-elles pas partie en matière politique, religieuse, et personnelle, des raisons majeures provoquant des comportements déviants ?

Voir notre conférence-débat sur l’éducation sans école filmée en 2015 :

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