Société

Alès : l’abattoir de la honte ferme ses portes

Le maire d’Alès a annoncé, le 14 octobre dernier, la fermeture provisoire de l’abattoir de sa ville, après la diffusion d’images insoutenables montrant les mauvais traitements infligés aux animaux.

Le maire d’Alès (Gard), Max Roustan, a annoncé,  le 14 octobre dernier, la fermeture « immédiate et à titre conservatoire » de l’abattoir de sa ville. Une décision qu’il a prise après avoir regardé les images insoutenables d’une vidéo montrant les mauvais traitements infligés aux animaux.
Filmées en caméra cachée pendant dix jours d’avril à mai 2015, « par une personne qui a accès à l’abattoir », ces images ont été révélées par l’association de défense des animaux L214. Des scènes insupportables révèlent que l’étourdissement des animaux n’a pas été correctement effectué. Dans la salle de saignée, c’est-à-dire de mise à mort, chevaux, bovins et moutons montrent des signes de reprise de conscience quand commence leur découpage… La loi est pourtant claire, le règlement CE 1099/2009 stipule que les animaux doivent rester inconscients jusqu’à leur mort.

Actes de cruauté et risque sanitaire

Sollicité par l’association L214 pour donner son avis d’expert, Gilbert Mouthon, vétérinaire mandaté auprès des tribunaux, relève « des actes de cruauté », plusieurs infractions au règlement des méthodes d’abattage ainsi que de sérieux problèmes sanitaires. « Les matières fécales des bovins sont contaminées de différents germes pouvant être pathogènes et en particulier des colibacilles dits tueurs » explique l’expert.
Une enquête administrative interne a été ordonnée par le maire pour déterminer les éventuels manquements aux normes d’abattage. « Si des fautes sont reconnues, des sanctions seront prises pouvant aller jusqu’à la fermeture définitive de l’abattoir d’Alès », a annoncé Max Roustan dans un communiqué publié sur le site Internet de sa mairie.

Un établissement déjà incriminé 

L’établissement avait déjà été incriminé en automne 2015 pour des « manquements » constatés, mais d’un niveau moindre que ce que montre la vidéo. « Cet abattoir, comme l’ensemble des abattoirs de France, est sous l’exclusive responsabilité sanitaire des services de l’État, à travers la Direction départementale de la protection des populations (DDPP), qui sont présents quotidiennement au sein de cet abattoir pour en surveiller le bon fonctionnement », a rappelé l’élu. Suite à la visite de la DDPP de septembre 2015, la préfecture avait adressé une mise en demeure à l’abattoir. La visite de « re-contrôle » programmée aura lieu dès la réouverture du site, ont précisé les services de l’Etat.

263 abattoirs en France

L’abattoir d’Alès n’est sans doute pas un cas isolé parmi les 263 abattoirs de boucherie (bovins, ovins, porcins, caprins, équins) que compte la France. Selon le ministère de l’agriculture, en 2014, il y a eu 104 avertissements, 60 mises en demeure et deux suspensions d’agrément.
« On n’a que des messages rassurants [des abattoirs, ndlr] qui disent “Il n’y a pas de problème, on maîtrise totalement, tout est fait selon les normes, les services vétérinaires veillent”. Non ! Il faut que les gens sachent que dans les abattoirs, on met à mort des animaux dans des conditions absolument terribles », a souligné la porte-parole de L214.

En janvier 2015, l’Assemblée nationale a accordé aux animaux le statut d’« êtres vivants doués de sensibilité ». On mesure combien de chemin reste à parcourir pour faire avancer la cause animale…

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