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Méningiomes liés à l’Androcur : trois laboratoires condamnés

C’est une première en France et ce n’est sans doute qu’un début. Lundi dernier, le tribunal civil de Poitiers a condamné les laboratoires Bayer, Viatris et Sandoz à verser plus de 300 000 € d’indemnisation à une patiente ayant développé des méningiomes (tumeurs du cerveau), suite à un traitement prolongé avec le médicament Androcur et ses génériques.

◆ Le médecin et le pharmacien condamnés aussi

Une victoire, au bout de sept années de procédure. Ce lundi 2 juin 2025, Véronique Dujardin a obtenu gain de cause auprès du tribunal civil de Poitiers, dans la Vienne. Les juges ont condamné les SAS Bayer HealthCare, Viatris Santé (ex-Mylan) et Sandoz, ainsi que son médecin et son pharmacien, à lui verser solidairement 325 000 € d’indemnisation (dont 97 % à la charge des laboratoires) pour « défaut d’information » sur le risque de méningiomes lié à la prise d’acétate de cyprotérone (Androcur et génériques).

◆ Plus de 20 ans de traitement sous acétate de cyprotérone

Aujourd’hui âgée de 55 ans, Véronique Dujardin a été traitée avec cette molécule pendant plus de vingt ans, de 1991 à 2013, pour pallier un dérèglement hormonal. Mais à partir de 2013, elle s’est mise à souffrir de troubles visuels et les examens ont révélé de multiples méningiomes, tumeurs non cancéreuses des membranes entourant le cerveau. Elle souffre également aujourd’hui de troubles de la mémoire et de fatigue importante.

◆ Des risques connus depuis 2004, mais reconnus tardivement

Véronique Dujardin assure ne pas avoir été prévenue des risques liés à l’Androcur (Bayer) et ses génériques (Viatris et Sandoz), « alors qu’un article scientifique évoquait dès 2008 un lien entre l’acétate de cyprotérone et l’apparition de méningiomes », indique une dépêche AFP, notamment reprise par France Info.

En réalité, le neurochirurgien Sébastien Froelich avait lancé l’alerte dès 2004, suite à cinq cas de méningiomes, avait souligné l’avocat d’autres victimes, Me Charles Joseph-Oudin, dans le cadre d’une procédure en cours au tribunal administratif de Montreuil (Seine-Saint-Denis).

Lire notre article du 29/11/2024 :

Seulement reconnu en 2018 par l’Agence nationale de sécurité du médicament et des produits de santé (ANSM), le risque de méningiomes lié à la prise de ce médicament est aujourd’hui admis et le tribunal de Poitiers a jugé que les pathologies développées par la plaignante sont bien « le résultat des traitements médicamenteux » qu’elle a suivis.

◆ Les laboratoires auraient dû informer les utilisateurs, anciens ou actifs

Selon France Info, le groupe Bayer a annoncé vouloir faire appel. Lors de l’audience en avril, le laboratoire allemand s’était défendu en arguant que la patiente n’avait pris de l’Androcur que jusqu’en 2004, donc avant les alertes du Pr Froelich. Mais les juges ont estimé que Bayer aurait dû informer tous les utilisateurs « actifs ou anciens de l’Androcur », une fois les risques connus.

Quant aux deux autres laboratoires, ils auraient dû, eux aussi, informer les consommateurs « dès 2008 et a fortiori à compter de janvier 2011 […] du risque de méningiomes associé à [la] prise prolongée » du médicament.

◆ Une première qui ouvre la porte à d’autres procédures

Première en France, cette décision du tribunal de Poitiers devrait ouvrir la porte à « une multiplication des procédures » d’indemnisation, selon l’avocat de Véronique Dujardin, Me Romain Sintès. Pour l’instant, avec une condamnation à verser environ 105 000 € chacun, la punition est encore légère pour les industriels.

Article par Alexandra Joutel

Lire notre article « Le printemps de la médecine intégrative » paru dans le n°158 du magazine Nexus (mai-juin 2025) actuellement en kiosque : 

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