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Variole du singe : la vaccination est-elle risquée pour les personnes immunodéprimées ?

Suite à l’alerte donnée par le Dr Agret au sujet de la vaccination contre la variole du singe des personnes immunodéprimées à qui on recommande trois doses après une exposition à risque, nous avons fait quelques recherches à ce sujet.

 

Un rapport de Santé publique France datant de 2001 fait clairement mention de contre-indications des vaccins contre la variole à base de virus vivant atténué, notamment pour les personnes immunodéprimées, afin de leur éviter des complications graves. Le vaccin Imvanex, à virus vivant atténué mais modifié et de type non réplicatif, serait plus sûr que les vaccins antivarioliques des générations précédentes.


◆ Plusieurs vaccins utilisés contre la variole du singe

Actuellement, deux vaccins initialement créés pour lutter contre la variole sont principalement utilisés contre la variole du singe : l’ACAM2000 (autorisé aux États-Unis seulement), vaccin de seconde génération de type réplicatif, et l’IMVANEX (appelé aussi Jynneos ou Imvamune) autorisé en 2019 aux États-Unis, en 2020 au Canada et en juillet 2022 en Europe, de troisième génération et de type non réplicatif.

Un autre vaccin, réplicatif comme l’ACAM2000, est basé sur le virus de la vaccine « vivant » : l’Aventis Pasteur Smallpox Vaccine (APSV). Il n’est pas officiellement approuvé, mais aux États-Unis, il peut être rendu disponible si les autres stocks sont épuisés.

◆ Le Jynneos plus sûr que l’ACAM2000 ?

Ils sont tous deux des vaccins à virus vivant atténué, mais la différence est que l’Imvanex/Jynneos/Imvamune contient lui aussi une forme vivante mais modifiée « pour atténuer la dangerosité du virus de la vaccine, appelée vaccinia Ankara », selon Sud Ouest. Car « bien qu’ACAM2000 ne puisse pas provoquer la variole, le virus qu’il contient peut se répliquer après l’administration du vaccin et se transmettre de la personne vaccinée à une personne non vaccinée qui entre en contact avec le site d’injection ou tout liquide qui s’en écoule, et ce jusqu’à 21 jours après. »

Contrairement à l’ACAM2000, il est souvent annoncé qu’avec l’Imvanex/Jynneos/Imvamune, « il n’y a pas de risque de propagation du virus à d’autres personnes ou à d’autres parties du corps lors du processus d’administration. Les vaccins plus anciens peuvent laisser des cicatrices et comportent un risque de propagation de la maladie. »

◆ Vigilance de mise avec les immunodéprimés

On lit régulièrement que l’Imvanex/Jynneos/Imvamune, version du vaccin non réplicative, est plus sûr pour les personnes immunodéprimées. Or, il reste un vaccin à virus vivant, même si ce virus est atténué et modifié pour ne pas se répliquer.

L’ACAM2000, lui, de type réplicatif, est clairement déconseillé aux personnes immunodéprimées. Dans les contre-indications des CDC américains, on peut lire qu’il ne faut pas l’administrer notamment aux personnes présentant des « troubles immunodéficitaires congénitaux ou acquis, y compris les personnes prenant des médicaments immunosuppresseurs et les personnes vivant avec le VIH (quel que soit leur statut immunitaire) ».

Toujours selon les CDC, Imvanex/Jynneos/Imvamune, quant à lui, « peut être administré en toute sécurité aux personnes immunodéprimées. Cependant, ces personnes peuvent être exposées à un risque accru de maladie grave si une infection professionnelle survient, malgré la vaccination. En outre, les personnes immunodéprimées pourraient être moins susceptibles de réagir efficacement après toute vaccination, y compris après le JYNNEOS ; le rapport risque/bénéfice doit être pris en compte pour déterminer s’il est impératif de vacciner une personne immunodéprimée. »

Notons que dans une même phrase, on nous parle à la fois de sécurité du vaccin et des risques d’affaiblir davantage le système immunitaire par la vaccination et de rendre ainsi une infection encore plus grave qu’elle n’aurait pu l’être. Peser la balance bénéfices-risques sera donc indispensable pour les personnes immunodéprimées. Espérons que les médecins en soient tous bien informés, même si officiellement en France, trois doses restent recommandées aux personnes immunodéprimées, après une exposition à risque.

◆ Un rapport de 2001 troublant

Un rapport de Santé publique France de 2001 intitulé « Utilisation du virus de la variole comme arme biologique. Estimation de l’impact épidémiologique et place de la vaccination » évoque les complications majeures qui peuvent survenir après un vaccin contre la variole à virus vivant atténué et les autres contre-indications majeures à son administration : « Dans les pays non endémiques, quatre contre-indications principales sont habituellement retenues (S & E, p. 307-308) : Déficits immunitaires : agammaglobulinémie, hypogammaglobulinémie, cancers affectant le système réticulo-endothélial et sujets immunodéprimés. Ces personnes, si elles sont vaccinées, ont un risque important de développer une vaccine progressive, fréquemment mortelle. »

 

Le document précise que « la vaccine progressive survient chez des personnes immunodéprimées. La lésion vaccinale ne guérit pas, des lésions secondaires apparaissent n’importe où sur le corps. La méthisazone a paru un traitement partiellement efficace, mais la létalité restait élevée. » Que le taux de complication par la vaccine progressive s’élève, selon l’âge, entre 0 et 6,9 par million de personnes vaccinées selon la tranche d’âge et selon qu’il s’agit d’une primo ou d’une revaccination. Et que parmi les personnes touchées par cet effet secondaire grave, « en ce qui concerne la vaccine progressive, les données anglaises et américaines présentées conduisent à une létalité de 58 % alors que dans le chapitre 6 sur la variole de l’ouvrage Vaccine, il est dit qu’un tiers des patients atteints succombaient. Nous utiliserons dans notre analyse la valeur moyenne de 45 % ».

Ce qui ferait 45 % de morts post-vaccinaux sur les 0 à 6,9 personnes par million touchées par la vaccine progressive.

 

◆ Des doutes qui planent

Il n’est cependant pas dit à partir de quels vaccins les études qui ont permis la rédaction de ce rapport ont été faites. Aucune « marque » de vaccin n’est citée, mais d’après la date, on peut supposer qu’elles l’ont été à partir de vaccins de type réplicatif, puisque l’Imvanex/Jynneos/Imvamune de type non réplicatif n’existait pas à l’époque.

Il est intéressant de noter que lorsqu’il s’agit de comparer les vaccins de premières générations et l’Imvanex de troisième génération, bien qu’il ne s’agisse pas des mêmes substances, quand la conclusion est avantageuse pour le vaccin, les autorités sanitaires  supposent facilement que les bienfaits des premiers vaccins seront les mêmes avec l’Imvanex. Prenons pour exemple le fait que la plupart des médias et institutions relaient que l’Imvanex/Jynneos/Imvamune est « efficace à environ 85 % pour prévenir le monkeypox », alors que l’étude utilisée pour l’affirmer date de 1988 et a été réalisée à partir de vaccins anciens à une époque où l’Imvanex n’existait même pas.

En revanche, lorsqu’il s’agit des risques des premiers vaccins sur les personnes immunodéprimées, ils sont presque totalement balayés dans la notice de l’Imvanex/Jynneos/Imvanune. Nous avons donc demandé à Bavarian Nordic, le laboratoire danois fabricant de ce vaccin, quels éléments scientifiques permettent d’affirmer que ce vaccin, même s’il est fait à partir d’un virus vivant atténué modifié, peut être administré en toute sécurité aux personnes immunodéprimées, contrairement aux autres vaccins à virus vivant atténué non modifié tels que l’ACAM2000. Espérons que des données précises et fiables nous seront transmises.

(Merci au Dr Agret qui nous a permis de soulever ces points et questions par le courrier qu’il a envoyé aux médias)

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