Bronchiolite : après le Beyfortus®, bientôt l’Abrysvo® ? vaccin

Bronchiolite : après le Beyfortus®, bientôt l’Abrysvo® ?

Les autorités sanitaires semblent bien décidées à déployer un arsenal thérapeutique pour lutter contre le virus respiratoire syncytial (VRS), responsable de la bronchiolite. En France, après la mise sur le marché du Beyfortus® le 15 septembre dernier, un nouveau produit est dans les starting-blocks. Il s’agit cette fois d’un vaccin baptisé Abrysvo®.

Alléger le « fardeau économique et sanitaire »

Chaque hiver, le virus respiratoire syncytial (VRS) est responsable d’épidémies de bronchiolite, qui affectent particulièrement les personnes âgées et les nourrissons. Résultat : les consultations médicales explosent, les services d’urgences sont saturés et un nombre conséquent (important, notable, non négligeable) d’hospitalisations ont lieu. Une situation que la Haute Autorité de santé (HAS) n’hésite pas à qualifier d’« énorme fardeau économique et sanitaire », dans une note de cadrage en date du 7 septembre dernier, portant sur la « recommandation vaccinale contre les infections à VRS chez les femmes enceintes ».

Oui, vous avez bien lu. Il est question de vaccination. À peine l’anticorps monoclonal Beyfortus® vient-il d’être mis sur le marché français pour prévenir les infections à VRS que déjà un autre produit, cette fois de type vaccin, est à l’étude. Il faut dire que la HAS émet de sérieux doutes sur les capacités du Beyfortus® à réduire le taux d’hospitalisations pour bronchiolite, comme nous le rapportions dans un article précédent. Pour alléger le « fardeau », une autre stratégie préventive est donc d’ores et déjà envisagée : la vaccination des femmes enceintes. À condition, toutefois, que cette dernière démontre « une efficacité suffisante et un profil de sécurité satisfaisant », ajoute avec prudence la HAS, qui ne validera rien avant mai 2024.

Des antigènes produits dans des cellules d’ovaires de hamster

Le candidat vaccin envisagé par les autorités sanitaires françaises se nomme Abrysvo®. Commercialisé par le laboratoire Pfizer, il s’agit d’un vaccin recombinant bivalent. Ce n’est donc pas un vaccin à ARN messager. Recombinant signifie qu’il est produit par génie génétique, en utilisant une cellule animale ou une levure pour la production de l’antigène vaccinal. En l’occurrence, l’Abrysvo® contient deux protéines recombinantes de surface, pour les deux sous-types A et B du virus (d’où le qualificatif de bivalent), et celles-ci sont « produites dans des cellules ovariennes de hamster chinois par la technologie de l’ADN recombinant », précise la fiche technique de l’Agence européenne du médicament (EMA). Il s’utilise en une dose et est destiné soit aux plus de 60 ans, soit aux femmes enceintes (injection entre la 24e et la 36e semaine de grossesse) afin qu’elles transmettent ensuite leurs anticorps à leur bébé via le placenta et que ceux-ci soient immunisés contre la maladie dès leur naissance et jusqu’à l’âge d’environ 6 mois (ce que l’on appelle l’immunisation passive).

Risques d’hypertension et de naissance prématurée

La Food and Drug Administration (FDA – Agence américaine du médicament) avait dans un premier temps autorisé l’Abrysvo® uniquement pour les seniors en mai 2023, avant d’élargir son utilisation aux femmes enceintes en août 2023. Mais en lisant attentivement le document de la FDA, on s’aperçoit que des risques sérieux d’hypertension des femmes enceintes et d’accouchement prématuré ont été identifiés.

Selon la FDA, les données actuelles n’étant pas suffisantes pour avoir un avis tranché sur la question, elle a demandé à Pfizer de réaliser des études supplémentaires. D’après le calendrier indiqué, celles-ci n’aboutiraient pas avant au moins 2029-2031 !

Dans son intervention au Conseil scientifique indépendant du 7 septembre dernier, la pharmacienne biologiste Hélène Banoun rappelle qu’un autre vaccin contre les infections à VRS, l’Arexvy® de GSK (dont la composition est, selon elle, sensiblement la même), avait déjà été interdit aux femmes enceintes par la FDA en raison des risques de naissances prématurées. Autant dire que même si l’efficacité de l’Abrysvo® sur les infections ou sur les hospitalisations s’avérait intéressante aux yeux de la HAS, il faut espérer que l’autorité sanitaire tiendra compte du potentiel dangereux de ce produit pour les femmes enceintes et leurs bébés, lors de sa décision en 2024.

Article par Alexandra Joutel

 

(Image principale par whitesession sur Pixabay)

 

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