Société

Nexus porte plainte contre Wikipédia


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Article du 22 avril 2016, mis à jour le 23 août 2021, le  25 septembre 2025, puis le 2 octobre 2025)

Après avoir subi une campagne de diffamation lancée sur Wikipédia, le magazine Nexus a déposé une plainte avec constitution de partie civile, visant à la fois les responsables de la page Wikipédia consacrée à Nexus – aujourd’hui bloquée – et les auteurs des diffamations, dont l’identité demeure inconnue. Cette affaire, commencée en 2017, n’est toujours pas terminée et se retrouve aujourd’hui devant la Cour européenne des droits de l’homme.

◆ Un article papier qui a dérangé 

La plainte déposée en 2017 trouve son origine dans un article paru dans Nexus n° 101 (novembre 2015). Dans ce dossier, nous critiquions la politique de neutralité de Wikipédia. Dès le lendemain de sa publication, la page Wikipédia consacrée à Nexus a été la cible de modifications hostiles. En s’appuyant sur des sources secondaires orientées et en mêlant des faits concernant l’édition australienne, des contributeurs nous ont présenté comme un média antisémite et négationniste. Ces accusations graves, sans fondement, ont été à l’origine de notre démarche judiciaire.

◆ Wikipédia veut me tuer

Quand vous tapez mon nom dans Wikipédia, voici ce que vous pouvez lire :

« Mélange de sujets scientifiques détournés, pseudo-scientifiques et conspirationnistes ; Propagande anti-gouvernementale et paramilitariste ; Création d’un sentiment de rejet face aux programmes d’aide gouvernementaux ; Négationnisme et antisémitisme ; Promotion de la pseudo-science. »

Parmi les pépites remarquables de cette page, on peut relever :

« En 1997, le Stephen Roth Institute classe le site web international de Nexus comme l’un des “principaux sites qui hébergent ou promeuvent activement l’antisémitisme”. »

« Selon l’Association française pour l’information scientifique (AFIS), Nexus est un “magazine de désinformation et d’apologie sectaire” et “cette revue est en effet spécialisée dans tout ce qui est guerre contre la science, de la physique à la biologie en passant par les pratiques médicales. Elle souscrit à toutes les thèses les plus folles pourvu qu’elles soient contestataires et sectaires, voit des complots partout, mais se targue d’esprit libre”. »

◆ Diffamation et censure

Moi, Nexus édition française, je ne suis pas australien mais français. J’ai ma propre identité et mon propre contenu, ce que me refuse Wikipédia avec un art consommé de l’amalgame.

Nexus en Australie est né en 1986 et moi, j’ai vu le jour en 1999 et me suis progressivement affranchi de l’édition australienne en constituant ma propre équipe rédactionnelle. J’ai toute liberté quant aux choix de mes sujets depuis 2009. Il n’est donc pas honnête de m’attribuer la paternité des contenus australiens jugés critiquables.

Bien des faits énoncés dans cette page mériteraient d’être rétablis, nuancés et complétés.

◆ Une réhabilitation impossible

Vous aviez été invités à modifier ma page Wikipédia de ce média en principe participatif, mais les administrateurs ont décidé de la bloquer en janvier 2020, en autorisant seulement certaines personnes à la modifier.

Je n’ai donc actuellement aucune réelle possibilité de rétablir les faits sur cette page, ce qui nuit à ma réputation et au travail de mes journalistes. Beaucoup de gens se fient à Wikipédia et certains refusent de travailler avec moi ou de répondre à mes questions à cause de ces propos diffamatoires. Mon avocat a essayé d’entrer en contact avec Wikipédia et ses contributeurs, sans succès. Je suis donc confronté à une véritable censure, sans aucun droit de réponse.

charte de munich


◆ Notre action a fait jurisprudence

J’ai déposé le 10 février 2017 une plainte contre les contre les contributeurs à cette page et la Wikimedia Foundation avec constitution de partie civile. Le juge d’instruction, en première instance, a identifié l’auteur des propos diffamants. Malheureusement, pour une question liée à la prescription (plainte déposée après le délai de 3 mois), il a ordonné un non-lieu. En appel, la chambre de l’instruction a confirmé le non-lieu.

Mais la Cour de cassation a inversé le cours de l’histoire et décidé, le 10 avril 2018, que la prescription n’était pas acquise parce que la page me concernant sur Wikipédia avait été retirée et remise ultérieurement, moins de 3 mois avant la plainte. L’affaire était alors renvoyée dans les mains de la chambre de l’instruction.

Notre action a ainsi permis de faire évoluer la jurisprudence : désormais, lorsqu’une page Internet est supprimée puis remise en ligne, un nouveau délai de trois mois s’ouvre pour porter plainte en cas de diffamation.

◆ De la Cour de cassation à la Cour européenne

Mais en 2022, une nouvelle loi a bloqué notre procédure : elle interdit d’identifier les auteurs anonymes de diffamation si la peine de prison encourue est inférieure à un an. Les juges ont donc prononcé un non-lieu, confirmé par la Cour de cassation.

Nous avons alors saisi la Cour européenne des droits de l’homme (CEDH). Le 25 juin dernier, notre requête a franchi le premier filtre de recevabilité, étape où 96 % des dossiers échouent. La Cour va donc examiner l’affaire au fond et la France devra s’expliquer.

Affaire à suivre…

Malgré ce parcours juridique laborieux et coûteux, Nexus reste un média indépendant, libre, guidé par ses enquêtes et découvertes, sans publicité ni subventions.

 

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