
Yannick Neuder lance un grand programme de « lutte contre l’obscurantisme et la désinformation en santé »
La lutte contre les « fake news » est devenue l’une des priorités de nos dirigeants, aussi bien français qu’européens. À les écouter, nous serions en pleine pandémie de désinformation. Pour contrer ce fléau, le ministre de la Santé, Yannick Neuder, vient de lancer un grand programme d’actions, dont l’objectif est d’intensifier le contrôle de l’information sanitaire et de renforcer la stratégie d’influence publique du gouvernement via un « réseau d’ambassadeurs scientifiques agréés » !
⬥ Les « dangers » proclamés de la « désinformation en santé »
On se souvient de la déclaration d’Ursula von der Leyen, la présidente de la Commission européenne, lors de la réunion annuelle du Forum économique mondial en janvier 2024 : « Pour la communauté mondiale des affaires, la principale préoccupation pour les deux prochaines années n’est pas un conflit ou le climat, mais la désinformation et la mésinformation. »
À l’évidence, Yannick Neuder, l’actuel ministre français de la Santé et de l’Accès aux soins, en est lui aussi convaincu. Selon un communiqué de son ministère publié le 27 août dernier, « la désinformation en santé et les discours obscurantistes fragilisent la confiance des citoyens dans la science, mettent en danger la santé publique et compromettent l’efficacité des politiques de prévention et de soins. Face à ces dérives, le ministre de la Santé et de l’Accès aux soins a fait de la lutte contre la désinformation un axe stratégique majeur de son action. »
⬥ Toujours les mêmes à la manœuvre
Concrètement, le plan de bataille du ministre a débuté le 18 avril 2025, avec l’organisation d’un colloque intitulé « Lutte contre l’obscurantisme et la désinformation en santé ». Y ont participé une douzaine de personnalités, bien connues pour avoir soutenu les actions du gouvernement durant la crise du Covid et lutté contre les soi-disant prétendues « fake news » circulant sur les vaccins, l’hydroxychloroquine ou encore l’ivermectine.
Citons, entre autres, le physicien Étienne Klein, le journaliste du Parisien Nicolas Berrod, le médecin Michel Cymes (qui vient de recruter l’ancien ministre de la Santé Olivier Véran comme chroniqueur pour sa nouvelle chaîne de télé anti-fake news en santé…), l’infectiologue Karine Lacombe, l’immunologue Alain Fischer (le « Monsieur Vaccin » du gouvernement), ou encore l’autoproclamé expert en complotisme et en désinformation, à savoir Rudy Reichstadt, fondateur et directeur du site Conspiracy Watch.
À l’issue de deux tables rondes, consacrées l’une à la santé, à la science et aux médias, et l’autre à la vaccination, plusieurs axes de travail ont été définis avec la création de groupes de travail dédiés.
⬥ Un véritable programme de contrôle et de propagande
Cette première phase a aujourd’hui abouti à l’élaboration d’un grand plan d’actions en cinq volets, qui ressemble ni plus ni moins à un programme de contrôle et de propagande, qui infiltrera toutes les strates d’opinion, que ce soit les plateformes numériques, les médias ou même les écoles, sous couvert d’« éducation critique à la santé ».
Dans ce programme, il est question de « lutte contre les fake news sanitaires et les dérives sectaires » (rappelons qu’après des débats houleux, la loi sur les dérives sectaires a fini par être adoptée et promulguée en mai 2024), de « stratégie d’influence publique », de « réseau d’ambassadeurs scientifiques agréés par le ministère de la Santé » (!), de soutien aux médias de fact-checking « indépendants » et même de préparation aux prochaines crises via des outils de communication institutionnelle plus efficaces. Au cœur de tout cet arsenal, est annoncée, telle une vigie suprême, la création d’un Observatoire national de la désinformation en santé, dont on imagine d’avance l’intégrité et la neutralité…
(Extrait du communiqué du ministère de la Santé du 27 août 2025)
⬥ Trois experts « indépendants » bien alignés
Pour lancer la mise en œuvre de ce programme de « lutte contre l’obscurantisme et la désinformation », Yannick Neuder a fait appel à trois « personnalités scientifiques reconnues », auxquelles il a confié une « mission d’expertise indépendante ». Il s’agit du Pr Mathieu Molimard, chef du service de pharmacologie médicale du CHU de Bordeaux, du Pr Dominique Costagliola, épidémiologiste et biostatisticienne à l’Inserm, et du Dr Hervé Maisonneuve, médecin en santé publique et spécialiste en rédaction médicale et scientifique, dont les liens d’intérêts avec Pfizer sont loin d’être anecdotiques.
(Source : Transparence Santé)
Tous trois ont, bien entendu, beaucoup œuvré médiatiquement durant la crise du Covid pour faire barrage à tous les lanceurs d’alerte ayant eu l’audace d’exprimer des points de vue alternatifs, aussitôt qualifiés de fake news, de mauvaise science, de complotisme ou de charlatanisme.
Autant dire qu’avec ce nouveau programme, la censure et le lavage de cerveau risquent encore de s’intensifier.
Article par Alexandra Joutel
(Image principale issue du compte X de Yannick Neuder – tweet du 27 août 2025)
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