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À Grenoble, un collectif citoyen fait renaître les cabines téléphoniques

22 cabines téléphoniques à nouveau fonctionnelles dans la ville de Grenoble : c’est le but du collectif Observatoire international pour la réinstallation des cabines téléphoniques (OIRCT), qui milite pour le droit à une vie sans smartphone. À ce jour, 2 cabines sont activées.



Inventées il y a plus d’un siècle, on comptait plus de 300 000 cabines téléphoniques en France à la fin des années 1990, au moment de leur apogée. Aujourd’hui, elles ne seraient plus qu’une vingtaine connectées au réseau téléphonique.

◆ Des cabines utilisées en dernier recours et non obligatoires

D’après Stéphane Richard, l’ancien PDG d’Orange condamné dans l’affaire de l’arbitrage controversé de 2008 entre Bernard Tapie et le Crédit lyonnais, il y avait, en 2021, sur le territoire français, 26 cabines déclarées au régulateur. « Elles sont dans des endroits, très rares maintenant, où il n’y a pas de couverture mobile », a-t-il précisé dans l’émission Quotidien, sur TMC. La communication peut être réglée par carte bancaire ou avec de la monnaie. Lorsqu’elles sont démantelées, ces cabines sont souvent revendues à des particuliers qui s’en servent souvent comme élément de décoration.


◆ Une survie qui dépend du bon vouloir d’Orange

Le maintien de cette poignée de cabines n’est pas obligatoire pour Orange. « On n’a pas d’obligation de les garder », a déclaré Stéphane Richard. Avec l’avènement du téléphone portable, entre 2010 et 2013, leur trafic a chuté de 95 %. La loi Macron du 10 juillet 2015 a exclu du service universel la gestion des fameuses cabines confiées à Orange, qui a alors pu progressivement les désinstaller. En 2015, elles étaient plus de 40 000 et aujourd’hui, une vingtaine… Comme nous l’expliquent Les Échos, en plus des cabines sur la voie publique, Orange disposait également de 13 000 téléphones filaires situés dans des zones protégées (gares, aéroports, etc.) et qui ne faisaient pas partie du service universel. Eux aussi ont été amenés à disparaître.

M. Macron savait-il déjà à l’époque que quelques années plus tard, le téléphone portable devenu alors indirectement presque « obligatoire » allait s’avérer très pratique pour instaurer toutes sortes de pass et contrôler leurs utilisateurs ? Ou s’agit-il d’une formidable synchronicité ?

◆ L’ère du tout-numérique : un danger pour la liberté 

À l’époque du démantèlement des cabines, l’association Perdons pas le fil (dissoute depuis) soulignait que les cabines étaient le seul réseau fiable en cas de coupure électrique, et permettaient aux personnes hypersensibles aux ondes électromagnétiques de téléphoner.

Pour le collectif Observatoire international pour la réinstallation des cabines téléphoniques (OIRCT), né au printemps 2021, la fin des cabines n’est pas acceptable. Il s’active pour la réinstallation de cabines téléphoniques publiques, à Grenoble et partout dans le monde parce que « chaque jour, l’étau se resserre de plus en plus pour les sans-portable ».

On peut lire sur son site que « loin d’être une lutte nostalgique ou passéiste, le souhait de revoir des cabines dans les rues est en fait un combat pour la liberté. Liberté de ne pas avoir de téléphone portable. Liberté de ne pas être sans cesse pisté, calculé, évalué, flashcodé, QR-codisé par les smartphones intelligents devenant de plus en plus obligatoires pour quantité d’activités anodines de la vie quotidienne. »

◆ Et de 2 sur 22 !

Comme le décrit le média La Relève et la Peste, l’OIRCT, avant d’installer des cabines permanentes, a d’abord mis en place le 22 octobre 2021 une première cabine téléphonique éphémère et mobile qui invitait les passants à téléphoner. Puis il a inauguré une cabine fixe le 25 mars 2022 au Pparc Marliave à Grenoble, d’utilisation libre et gratuite reliée à une box.

Une deuxième cabine, située au croisement de la traverse des Îles et de la rue du Docteur-Hermite, dans le quartier Berriat, a été installée par l’OIRCT grâce au collectif de la CATA La ligne est elle aussi reliée à leur box, dans leurs locaux.

 

◆ Bientôt la réimplantation officielle des cabines ?

La ville de Grenoble n’a pas encore validé le projet et c’est donc sans autorisation que ces deux installations ont eu lieu. Pour Vincent, de l’OIRCT, leur « combat est d’essayer d’en réinstaller, de nos propres moyens, de manière sauvage ou en essayant de convaincre les autorités municipales ».

Mais le collectif a bon espoir, car ils ont soumis leur projet de réinstaller 22 cabines à pièces ou gratuites au budget participatif de la ville. Parmi les 32 idées présélectionnées par plus de 1 000 votants le 26 mars 2022, la leur est arrivée en sixième position. Après le 3 septembre, les Grenoblois auront décidé quelles initiatives verront le jour dans la capitale des Alpes, grâce à une enveloppe mise à disposition par la Ville de Grenoble de 800 000 €.

Dans un article du Postillon, l’OIRCT s’anime : « Demander le retour des cabines téléphoniques, c’est exiger le droit de pouvoir vivre sans téléphone portable. Il y a tant de combats à mener, mais voilà, on en a choisi un qui fait converger les luttes contre l’individualisme, l’extraction des métaux rares, la fonte de la banquise, l’abrutissement par les écrans, la publicité ciblée, la traçabilité de tous vos faits et gestes. »

Pour contacter l’OIRCT :
04 76 94 18 65 / contact@oirct.org

 

Article par Estelle B.

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