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Sanctions économiques envers la Russie : l’Europe pourra-t-elle assumer ses choix ? 

Le 4 mars 2022, l’économiste des marchés financiers Charles Gave était l’invité d’André Bercoff sur Sud Radio. L’occasion de comprendre un peu plus la situation de la Russie vis-à-vis du reste du monde.

 

Depuis l’invasion de l’Ukraine par la Russie, l’Union européenne a décidé d’infliger des sanctions économiques sans précédent à cette dernière. Mais l’Europe est-elle vraiment en mesure d’assumer les conséquences de ses choix ?

◆ L’Europe dépendante de la Russie

Pour Charles Gave, l’Europe ne peut pas se passer de la Russie, expliquant que « si les Russes décident de fermer les robinets, l’Allemagne s’arrête complètement ». D’après lui, l’Europe « est en train de se tirer une balle dans la tête ». La raison vient de ce que la Russie est, depuis 2018, le premier exportateur de matières premières, et que « le gros consommateur de matières premières russes, c’est l’Europe ». En effet, en 2019, selon Eurostat, 41 % du gaz naturel, 26,9 % du brut et 46,7 % des combustibles fossiles solides consommés en Europe venaient de Russie. L’Allemagne s’est d’ailleurs prononcée dimanche contre une interdiction des importations de gaz, pétrole et charbon depuis la Russie dans le cadre de nouvelles sanctions liées à l’invasion de l’Ukraine. « Il faut pouvoir tenir [les sanctions] sur la durée », a expliqué la cheffe de la diplomatie allemande, Annalena Baerbock, à la chaîne ARD. « Ça ne sert à rien si dans trois semaines on découvre que nous n’avons plus que quelques jours d’électricité en Allemagne et qu’il faut donc revenir sur ces sanctions. »

◆ Une Russie bien préparée

Toujours selon Charles Gave, « la Russie d’aujourd’hui a des comptes courants excédentaires, elle a un budget excédentaire. Elle a des réserves de change qui lui permettent d’importer pendant au moins deux ans tout ce dont elle a besoin, même si elle ne vend rien à l’étranger. Elle n’a pas de dette intérieure, elle n’a pas de dette extérieure… donc elle s’est parfaitement préparée, elle peut vivre en autarcie pendant deux ans et puis nous, on ne peut pas vivre deux mois. » Au cours des trois dernières années, la Russie a transféré ses réserves de dollars américains vers l’or et d’autres devises, comme le yuan chinois. La Russie possède pratiquement autant d’or dans ses coffres que la France, ce qui la rend moins sensible aux sanctions économiques. De même, pour anticiper un retrait du système Swift, Poutine a bâti une structure alternative : le SPFS (opérationnel depuis 2017). Ce dernier inclut la banque centrale chinoise, ce qui limite les effets de l’exclusion russe.

Avec 630 milliards de dollars de réserve, et une dette publique réduite à 15 % de son PIB, le Kremlin a de quoi voir venir. Ces armes anti-crise suffiront-elles pour résister aux sanctions ? C’est en tout cas la conviction du Kremlin.

 

Image principale par Pixabay

 

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