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Une association se bat pour les droits et la survie des personnes électrosensibles

Pour l’association Zones Blanches, les personnes électrohypersensibles (EHS), souffrant d’intolérance aux champs électromagnétiques artificiels sont privées de toutes les libertés fondamentales garanties comme le droit au logement et le droit à la santé.

Suite au suicide de Christophe Mergault qui a milité pendant des années pour faire reconnaître les droits des électrohypersensibles comme lui, l’association Zones Blanches s’est mobilisée auprès des médias pour faire connaître les situations terribles dans lesquelles se retrouvent certains EHS. Dans un communiqué de presse, elle pose la question cruciale : « La couverture de téléphonie mobile doit-elle se faire au prix de la vie des personnes ? »

◆ Un lanceur d’alerte qui s’en va

Christophe Mergault, EHS qui a quitté ce monde par un acte suicidaire en octobre 2022, était allé jusque devant les tribunaux. Dans la légende d’une vidéo hommage, on peut lire qu’il s’était « opposé à la société anonyme ENEDIS afin de rétablir un courant propre non rayonnant en mode conduit pour certains EHS en shuntant les concentrateurs des compteurs connectés Linky. » Dans un procès intenté contre lui, il a été condamné à verser 47 165 euros en janvier 2022, d’après le collectif ACCAD.

Christophe Mergault a fait appel mais il semblerait qu’en plus de son électrohypersensibilité, le fait que n’ont pas été pris en compte les documents fournis au juge, le fruit d’un travail considérable de recherche, l’ait vraiment affecté : « Plus de 2000 pages concernant des informations scientifiques sur la nocivité de la Linky Dirty Electricity injectée par les concentrateurs, ses conséquences graves sur la santé, ainsi que les preuves vivantes données par de nombreux témoignages de personnes électrohypersensibles. »

Vous trouverez sur cette page une partie de ses écrits par lesquels il explique le pourquoi et le comment de ce qu’on peut appeler sabotage de matériel ou acte de survie, selon le point de vue duquel on se place.

◆ Un taux significatif de personnes touchées 

L’Anses publiait en 2018 que le taux de personnes en souffrant était évalué à 5 % environ  : « Ainsi, une évaluation de la prévalence de l’EHS reste très difficile à faire ; les données scientifiques sur le pourcentage de personnes se déclarant EHS dans la population en France et à l’international ne sont pas fiables, elles sont comprises entre 0,7 et 13,3 %. Toutefois, les données les plus récentes (sept articles publiés entre 2008 et 2013) donnent des résultats plus resserrés, autour de 5 % (entre 1,2 % et 8,8 %) et ne semblent pas confirmer la perspective d’une augmentation progressive de la prévalence de l’EHS qui avait été suggérée par certaines études plus anciennes. »

◆ « Des migrants dans leur propre pays »

Certains EHS essaient tout d’abord de protéger leur lieu d’habitation avec des tissus anti-ondes, ou de porter des vêtements protecteurs. Mais cela ne suffit pas toujours et une partie d’entre eux partent à la recherche de zones blanches. C’est-à-dire les zones exemptes de réseaux téléphoniques et Internet, qui sont devenues les refuges des EHS mais disparaissent petit à petit.

L’installation d’antennes oblige certaines personnes pour qui les ondes sont intolérables à déménager régulièrement et à devenir des « migrants dans leur propre pays ».

D’après l’association, certaines ont même dû se réfugier au fin fond de la forêt pour survivre, parfois en caravane ou dans une voiture pour fuir l’insupportable comme Virginie dans la Loire. Les collectifs qui la soutiennent appellent à un rassemblement devant la sous-préfecture de Montbrison le 18 novembre 2022 à 16h pour « protester devant l’abandon par les pouvoirs publics des EHS, pour réclamer des zones blanches pour les plus atteints, et le relogement de Virginie et Marie-Jeanne (…) expulsées de leur lieu par l’installation des antennes. »

L’association prend aussi l’exemple de Philippe qui vit dans la vallée du Vançon et qui se mobilise pour que cette zone blanche en reste une et devienne officiellement « protégée ».

D’autres envisagent de commencer une grève de la faim pour que leurs souffrances soient entendues.

◆ Des animaux sensibles aussi

L’association cite aussi la famille Salgues, GAEC du Coupet, qui s’occupe d’un élevage de vaches laitières. Après l’installation d’une nouvelle antenne 4G à 250 mètres des bâtiments,  « près de 50 vaches meurent et la production de lait chute de façon vertigineuse. »

Le 9 octobre 2022, devant la mairie de Mazeyrat en Haute-Loire, plusieurs associations, des agriculteurs-éleveurs, des maires des environs, (plus de 200 personnes au total) ont manifesté leur soutien aux éleveurs concernés. Ils s’insurgeaient contre la décision du Conseil d’État qui a annulé en août dernier celle du tribunal administratif de Clermont-Ferrand qui ordonnait la désactivation de l’antenne pendant 2 mois à des fins d’expertise. D’après l’association, à la suite de la manifestation, le ministre de l’Agriculture aurait accepté l’organisation d’une réunion au ministère.

◆ “On peut tous devenir EHS”

D’après Christophe Mergault, l’électrohypersensibilité « n’est pas une maladie. On peut tous devenir potentiellement EHS. On a tous un système immunitaire qui fait que notre organisme est toujours en train de combattre les microbes, les virus et également les environnements, les champs électromagnétiques. […] Quand nous sommes soumis à des ondes artificielles, notre organisme réagit. On n’en a pas forcément conscience mais la mécanique, elle travaille. C’est comme un réservoir en résistance qui finit par se vider, se vider, et puis quand le réservoir est vide, vous atteignez, vous franchissez un seuil où vous devenez hypersensible. C’est-à-dire les champs électriques, les champs électromagnétiques vont venir vous affecter dans votre quotidien. »

◆ Des symptômes variés

Christophe Mergault poursuit : « Ça se traduit par différents symptômes. […] Dans mon cas, ça a commencé par des insomnies, des maux de tête, des acouphènes. […] À l’âge de 47 ans, on m’a découvert un diabète de type 1, donc c’est-à-dire un diabète insulino-dépendant. C’est un diabète qui est relativement rare et peu fréquent, ça touche à peu près 5 % des gens qui ont le diabète et généralement, c’est un diabète de type juvénile […] Avoir ce type de diabète à 47 ans, c’est extrêmement rare […] J’ai découvert qu’une des causes du déclenchement du diabète pouvait être une surexposition aux ondes et aux champs électromagnétiques. […] Il y a différents seuils d’électrohypersensibilité. Y’a pas de médicament pour soigner ça. La seule solution, c’est la fuite, c’est-à-dire qu’il faut s’éloigner des ondes. »

Il faudrait penser à réorganiser dès maintenant notre façon de vivre ensemble, à limiter les ondes et à prévoir des zones qui en soient totalement protégées. Mais nous n’allons pas du tout dans cette direction : le but des géants de la téléphonie semble être de couvrir au maximum le territoire avec des outils technologiques de plus en plus  « performants ».
Quand les antennes 5G et 6G vont se déployer partout, va-t-on voir augmenter la part de personnes EHS au sein de la population ? Que va-t-il advenir des EHS s’ils n’ont plus aucun endroit où se mettre à l’abri ?

Article par Estelle Brattesani

 

👉 Lire notre dossier dans notre numéro 128 :

 

 

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