Politique Pétitions et vente de données : la vigilance est de mise !

Ce courrier fait suite à l’article « Activisme en ligne : nouvelle forme d’engagement citoyen ou leurre politique ? » paru dans NEXUS n° 109 (mars-avril 2017).
Écrivez-nous à cette adresse : magazine@nexus.fr, nous répondons à chacun de vos messages. Ces échanges seront ensuite publiés, avec votre accord, dans notre magazine et sur le site.

cyberactivisme pétitions en ligne Nexus 109 

« Activisme en ligne : nouvelle forme d’engagement citoyen ou leurre politique ? », NEXUS n° 109 (mars-avril 2017).

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20 avril 2017 

enveloppe Une affirmation mensongère ?

Excellent magazine, c’est sûr, mais il n’empêche qu’à la page 52 du numéro 109 l’association Pollinis est accusée de vendre les coordonnées des signataires à des bases de données d’adresses, alors que c’est mensonger et diffamatoire.

Tonio Castro

Juin 2017 

Réponse de NEXUS

En réponse à votre message du 20 avril dernier.
Je vous remercie d’être un fidèle lecteur de Nexus, ainsi que pour vos encouragements.
Je comprends votre malaise de voir une association, que vous soutenez peut-être en tant que simple citoyen (?), mise en cause. Mais certains points posent question.
Pollinis, mais aussi Santé nature innovation (SNI), ou l’Institut pour la santé naturelle (IPSN) sont administrés, directement ou indirectement par la famille Laarman. Or, la crédibilité de cette dernière a été mise en cause par différentes sources ces dernières années (cf. références ci dessous). Elle est, en effet, impliquée à la fois dans des associations qui multiplient les pétitions pour des causes au-dessus de tout soupçon, comme Pollinis, mais aussi dans des sociétés spécialisées dans le « marketing pour donateurs ». La nébuleuse Laarman (François, Vincent, Isabelle, Nicolas… leurs conjoints, collaborateurs…) détient ainsi des sociétés de services (comme Score marketing, France adresse, Top data) qui sont partenaires ou prestataires des dites associations. Pollinis et Santé nature innovation font partie des dernières structures créées par ce groupe. Elles sont officiellement au service de l’écologie et de la santé naturelle, des thèmes particulièrement porteurs, populaires et fédérateurs. Elles disposent d’une puissance de diffusion importante, avec des fichiers de 500 000 à 600 000 noms. Leurs campagnes « citoyennes » pourraient viser prioritairement la récupération de données sur les citoyens qui se mobilisent pour la cause affichée, plutôt que la conduite d’actions politiques ou juridiques de terrain visant à faire aboutir les revendications évoquées. Les suspicions sont donc fortes quant à l’utilisation des bases de données, constituées au fil des pétitions, par les sociétés commerciales du groupe.
Les irrégularités sont trop nombreuses pour être listées ici : pratiques contestables (faux contributeurs, faux soutien de personnalités politiques prises en photo à leur insu, fausse attribution de réussites dues au combat d’autres associations), liens d’intérêts opaques, ambiguïté des messages (articles douteux qui côtoient des articles irréprochables)… Autant de convergences qui devraient amener à considérer avec la plus grande prudence toute newsletter gratuite, pétition ou demande de dons en provenance de ces institutions. Le groupe est également à l’origine ou à la direction d’associations de lobbying, ultra conservatrices, comme Contribuables associés, Sauvegarde retraites, SOS éducation, Institut pour la justice…
L’implication de personnes de bonne foi (Pr Joyeux…) dans les campagnes de ces structures ne garantit pas la bonne foi de ces dernières. Par ces pratiques douteuses, de telles organisations discréditent des causes légitimes. Dans ce monde complexe, le simplisme n’est pas permis. Ceux qui défendent l’indéfendable peuvent être de bonne foi. De même ceux qui défendent des causes honorables ne sont pas forcément irréprochables.
Espérant vous avoir donné des clés pour étayer votre vigilance, ce qui, je n’en doute pas, est une qualité partagée chez tout lecteur régulier de Nexus.
Bien à vous

Marc Daoud
Rédacteur en chef adjoint

Sources :

19 juin 2017 

Droit de réponse de l’association Pollinis

À la demande de l’association Pollinis, nous publions le droit de réponse suivant, en application de l’article 6 IV de la loi du 21 juin 2004 pour la confiance dans l’économie numérique, dans le respect des conditions fixées dans cet article et dans le décret n°2007-1527 du 24 octobre 2007 :

L’auteure de l’article « Pétitions et vente de données : la vigilance est de mise ! », publié dans le numéro 109 de NEXUS daté de mars-avril 2017, affirme que POLLINIS est affiliée à des sociétés commercialisant les adresses mails de ses sympathisants et des signataires de ses pétitions. Cette affirmation, reprise ici en réponse à un courrier de lecteur, est fausse. L’auteure répète les rumeurs infondées et malveillantes qui circulent sur Internet, sans avoir cherché à les vérifier. Elle reprend à son compte un amalgame fallacieux entre différents membres d’une même famille, la soi-disant « nébuleuse Laarman », comme le font des sites pro-industrie agrochimique ou de pseudo journalistes cités comme références. Le délégué général de POLLINIS, Nicolas Laarman, n’a jamais partagé ni les convictions ni les objectifs de certains membres de sa famille. Ces accusations mensongères et graves permettent de limiter POLLINIS à son seul délégué général, au mépris du travail quotidien effectué par l’équipe – une dizaine de personnes totalement investies dans le combat que nous menons, dont des ingénieurs agronomes, des chargés de projets, des rédacteurs, une avocate et un spécialiste du lobbying… Par ailleurs, l’association POLLINIS n’a aucun lien financier ou idéologique avec d’autres associations ou ce type d’entreprises commerciales. De fait, les comptes de l’association – qui sont contrôlés par un Commissaire aux comptes – sont consultables sur notre site Internet et attestent que POLLINIS n’est engagée dans aucune activité commerciale : notre unique source de revenu sont les dons de particuliers qui soutiennent notre action, ce qui nous garantit une indépendance absolue vis-à-vis de tout pouvoir politique ou économique, et une grande liberté de parole. Pour gérer l’envoi massif de pétitions et organiser des collectes sécurisées, POLLINIS, comme toutes les associations qui dépendent exclusivement des dons, fait appel à des prestataires dont c’est le cœur de métier : ces prestataires ne sont pas propriétaires de nos fichiers et n’ont en aucun cas le droit de les utiliser ou de les revendre. Ils permettent en revanche à POLLINIS de garantir à nos sympathisants – plus d’1,2 million à ce jour – un hébergement sécurisé de nos fichiers, qui sont automatiquement cryptés et régulièrement sauvegardés, en conformité avec la réglementation de la CNIL.
POLLINIS est une association loi 1901, indépendante et sans but lucratif, qui agit pour la protection des abeilles domestiques et sauvages, et une agriculture respectueuse de tous les pollinisateurs. Nous avons recours à cet outil efficace de mobilisation citoyenne – les pétitions – car nous sommes convaincus qu’il ne faut pas laisser l’agriculture et la défense des pollinisateurs aux seuls intérêts privés ou aux seuls professionnels : les citoyens (qui financent les politiques agricoles et se nourrissent des produits de l’agriculture) doivent être informés et s’emparer de ces questions. Leurs voix doivent compter à Bruxelles et à Paris sur les décisions qui engagent leur avenir. Mais pour faire porter ces voix, POLLINIS – qui n’est pas une simple plateforme de pétitions – ne se limite pas à ce seul outil. Notre association a également mis sur pied un pôle « Études », qui analyse les politiques publiques et formule des propositions pour prendre part au débat public, un pôle « Plaidoyer » qui défend ces propositions à Bruxelles et Paris, et un pôle « Projets » qui accompagne au quotidien et finance des projets centrés sur l’abeille et les pollinisateurs. L’auteure porte atteinte à la réputation et la probité de POLLINIS sans s’être renseignée sur ces actions, sans avoir cherché à interroger notre équipe, nos partenaires ou les acteurs avec lesquels nous collaborons. Nous nous interrogeons sur la finalité d’une telle démarche.
Je vous prie de croire, Monsieur, à l’expression de mes salutations distinguées.

Clément Rémy, président de POLLINIS