
Tentative d’ingérence française dans les élections en Roumanie ? Pavel Durov balance
Pavel Durov a profité hier du second tour des élections présidentielles en Roumanie pour lâcher une bombe sur son compte X. Le patron de Telegram affirme avoir été approché par les services de renseignement français, afin de « réduire au silence les voix conservatrices » roumaines pendant la campagne électorale. Le ministère des Affaires étrangères et la DGSE démentent.
◆ Pavel Durov et la France : des relations tendues
Pavel Durov semble remonté contre la France ces derniers temps. Sans doute n’a-t-il pas encore digéré son arrestation surprise à l’aéroport du Bourget au mois d’août 2024 ?
Il y a quelques semaines, le patron de Telegram avait vivement critiqué dans une série de tweets la position du préfet de police de Paris, Laurent Nuñez, qui avait déclaré sur BFMTV être favorable à la création de « backdoors » (failles de sécurité) dans les messageries chiffrées, afin que les services de renseignement ou la police judiciaire puissent accéder au contenu des messages privés. Plutôt quitter la France « que de saper le cryptage et violer les droits de l’homme fondamentaux », avait répondu en substance Pavel Durov.
◆ Censure demandée par « un gouvernement d’Europe occidentale (devinez lequel) »…
Ce dimanche, alors que se tenait le second tour des élections présidentielles en Roumanie, le patron de Telegram a cette fois-ci balancé une bombe et dénoncé les agissements de la France pour tenter d’interférer dans le scrutin roumain.
« Un gouvernement d’Europe occidentale (devinez lequel) », a d’abord tweeté Pavel Durov, tout en collant l’image d’une baguette de pain bien française, « a approché Telegram en nous demandant de réduire au silence les voix conservatrices en Roumanie, avant les élections présidentielles d’aujourd’hui. J’ai catégoriquement refusé. Telegram ne limitera pas les libertés des utilisateurs roumains, ni ne bloquera leurs canaux politiques. »
◆ « Vous ne pouvez pas “défendre la démocratie” en détruisant la démocratie »
Dans un second tweet, Pavel Durov poursuit : « Vous ne pouvez pas “défendre la démocratie” en détruisant la démocratie. Vous ne pouvez pas “combattre l’ingérence électorale” en vous ingérant dans des élections. Soit vous avez la liberté d’expression et des élections équitables, soit vous n’en avez pas. Et le peuple roumain mérite les deux. »
◆ Des « allégations totalement infondées », selon le Quai d’Orsay
Sur le compte X de France Diplomatie, le Quai d’Orsay a aussitôt démenti ces « allégations totalement infondées », rappelant que « le premier tour des élections présidentielles roumaines de décembre dernier a été annulé de manière souveraine par les autorités roumaines compétentes suite à des ingérences numériques et financières bien réelles de la part d’acteurs liés à la Russie. […] Dans ce contexte, les récentes accusations contre la France ne sont qu’une manœuvre de diversion face aux réelles menaces d’ingérences qui visent la Roumanie. »
◆ Durov réplique en apportant des précisions de taille
Du chiqué de la part de Durov ? Rien de moins sûr. Dans la soirée, le patron de Telegram a en tout cas précisé les choses, en nommant cette fois clairement qui l’avait approché : « Ce printemps, dans le salon des Batailles de l’Hôtel de Crillon, Nicolas Lerner, le chef des services de renseignement français, m’a demandé d’interdire les voix conservatrices en Roumanie avant les élections. J’ai refusé. Nous n’avons pas bloqué les manifestants en Russie, en Biélorussie ou en Iran. Nous ne commencerons pas à le faire en Europe. »
◆ La DGSE réfute à son tour
Ce lundi, la Direction générale de la sécurité extérieure (DGSE) a à son tour « réfuté avec vigueur » les accusations de Pavel Durov, comme le rapporte Le Figaro.
Si elle admet avoir « effectivement été dans l’obligation, à plusieurs reprises au cours de ces dernières années, d’entrer en contact direct avec Pavel Durov pour lui rappeler fermement les responsabilités de son entreprise », notamment « en matière de prévention des menaces terroristes et pédopornographiques », la DGSE nie formellement avoir exprimé, lors de ces rencontres, « des demandes d’interdiction de comptes, en lien avec un quelconque processus électoral ».
Article par Alexandra Joutel
⇔ CHERS LECTEURS, L’INFO INDÉPENDANTE A BESOIN DE VOUS !
Nexus ne bénéficie d’aucune subvention publique ou privée, et ne dépend d’aucune pub.
L’information que nous diffusons existe grâce à nos lecteurs, abonnés, ou donateurs.
Pour nous soutenir :
1️⃣ Abonnez-vous
2️⃣ Offrez Nexus
3️⃣ Commandez à l’unité
4️⃣ Faites un don sur TIPEEE ou sur PAYPAL
✅ Découvrez notre dernier numéro
Et gardons le contact :
Retrouvez-nous sur réseaux sociaux
Inscrivez-vous à notre newsletter
- Que se cache-t-il derrière l’affaire Pavel Durov ?
- Telegram quittera la France plutôt que de permettre aux autorités d’accéder aux messages privés, a annoncé Pavel Durov
- Lutte contre la « désinformation » : chaque jour, l’étau se resserre autour de la liberté d’expression
- European Media Freedom Act : la liberté de la presse en danger ?
- Fin de la censure sur les plateformes Meta : l’incroyable retournement de veste de Mark Zuckerberg !
- Commission « Les Lumières à l’ère numérique » : vers un contrôle de l’information par l’État ?