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Au Tibet, les autorités chinoises collectent l’ADN des habitants sous couvert d’un « programme de détection des crimes »

Le dernier rapport de l’ONG Human Rights Watch (HRW) révèle qu’une vaste banque de données d’ADN de la population tibétaine est en cours d’élaboration et concerne même les tout-petits.

 

L’ONG alerte sur la mise en place, quasi systématique, de prélèvements sanguins dans plusieurs villes tibétaines, y compris dans les crèches.

Un programme inquiétant

Human Rights Watch explique dans son rapport avoir identifié des preuves de collectes dans 14 collectivités locales distinctes (préfecture, comtés, villes et villages). Des documents relatifs aux marchés publics montrent qu’en juillet 2019, la police de la République autonome du Tibet (RAT) a lancé un appel d’offres pour la construction d’une base de données ADN à l’échelon régional. L’objectif de la collecte d’ADN a été décrit, par certaines municipalités, comme « améliorant l’efficacité de la vérification et aidant à attraper les personnes en fuite » ou encore « pour que les organes de sécurité publique puissent détecter diverses affaires illégales et réprimer efficacement les éléments illégaux et criminels ». Et selon HRW, l’ADN devait être prélevé sur tous les résidents de la région, y compris les enfants et les résidents temporaires.

Les droits de l’Homme bafoués ?

« Le gouvernement chinois soumet déjà les Tibétains à une répression omniprésente », a déclaré Sophie Richardson, directrice pour la Chine à Human Rights Watch. « Maintenant, les autorités prélèvent littéralement du sang sans consentement pour renforcer leurs capacités de surveillance. » En effet, il n’existe aucune preuve publiquement disponible suggérant que les gens peuvent refuser de participer ou que la police dispose de preuves crédibles d’une conduite criminelle qui pourrait justifier une telle collecte. « Le prélèvement obligatoire de l’ADN d’une région ou d’une population entière à des fins de maintien de la sécurité constitue une grave violation des droits de l’homme, dans la mesure où il ne peut être justifié comme nécessaire ou proportionné », explique l’organisation.

Les Chinois aussi concernés

Le Tibet n’est pas la seule région concernée. « Les autorités ont commencé en 2013 à collecter des échantillons de presque toute la population de la région autonome du Tibet (3 millions de résidents) sous couvert d’examens médicaux annuels gratuits. Un programme similaire a été lancé au Xinjiang, en 2016, où les données de la quasi-totalité des 23 millions d’habitants ont été collectées », prévenait dès 2020 l’Institut australien de politique stratégique « Genomic surveillance ». La même année, une enquête du New York Times avait révélé que Pékin s’était fixé pour objectif de collecter quelque 70 millions d’échantillons d’ADN, soit 10 % de la population masculine chinoise.

 

Image principale par Victoria rt de Pixabay 

 

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