Science

Revues scientifiques et business des publications : des méthodes qui peuvent tuer !

Erigées pour leur prétendue impartialité et leur rigueur, les célèbres revues à comité de lecture comme Nature ou Science, sont presque un passage obligé pour certains et sont toujours citées pour donner toute sa crédibilité à un sujet scientifique. Le sont-elles tant que cela ? Une évaluation par les pairs biaisée !  Richard Horton, le […]

Erigées pour leur prétendue impartialité et leur rigueur, les célèbres revues à comité de lecture comme Nature ou Science, sont presque un passage obligé pour certains et sont toujours citées pour donner toute sa crédibilité à un sujet scientifique. Le sont-elles tant que cela ?

Une évaluation par les pairs biaisée ! 
Richard Horton, le rédacteur en chef de la prestigieuse revue scientifique médicale britannique The Lancet, déclarait déjà en 2000 : « Nous faisons croire au public que l’évaluation par les pairs est un processus quasi sacré qui contribue à faire de la science le plus objectif de nos apporteurs de vérité, mais nous savons que c’est un processus biaisé, injuste, inexplicable, incomplet, facile à truquer, souvent insultant, généralement ignorant, parfois idiot, et souvent faux. » (1)

La réputation est devenue primordiale !
Parce qu’une revue est fortement soumise à son indice de notoriété, le fameux « facteur d’impact » (FI). « Celui-ci résulte du nombre moyen de citations des articles de la revue rapporté au nombre d’articles qu’a publiés la revue durant, en général, les deux années précédentes. La base de données est le Web of Science Core Collection (WoS) (2), de la société canado-britannique Thomson Reuters, qui indexe quelque 33 000 revues scientifiques toutes disciplines confondues (3). Plus le FI est élevé, mieux sera considérée la revue alors que, créé à l’origine pour aider les bibliothécaires à identifier les revues à acheter, le FI n’aurait jamais dû devenir une mesure de la qualité de la recherche scientifique. »

Et il y a aussi les fausses revues ! 
Elles ont été aussi le fait de l’industrie pharmaceutique. « Le laboratoire Merck a fait appel à Elsevier, l’un des plus gros éditeurs mondiaux de littérature scientifique, pour que l’une de ses filiales, Excerpta Medica, édite une revue à comité de lecture, The Australasian Journal of Bone and Joint Medicine. Curieuse publication : quatre articles sur les vingt et un du premier numéro paru en 2003 étaient consacrés au Fosamax (un traitement de l’ostéoporose post-ménopausique) et dans le deuxième numéro, 12 articles sur 29 vantaient les effets thérapeutiques du Fosamax et du Vioxx, un anti-inflammatoire largement diffusé aux États-Unis entre 2000 et 2004 (année de son retrait) qui a causé, pour 20 millions d’utilisateurs, le décès prématuré de 20 000 à 40 000 personnes ainsi que 88 000 à 160 000 infarctus et AVC. Comme cela a été mis en lumière lors du procès intenté à Merck, le laboratoire connaissait à cette époque les graves risques cardiovasculaires que faisait courir le Vioxx. » (extraits de Nexus n° 118)

>> L’article complet est à lire dans Nexus n° 118 (sept.-oct.). Une revue 100% indépendante et sans pubs disponible en kiosque.

 

  1. Horton Richard, « Genetically modified food: Consternation, confusion, and crack-up », The Medical Journal of Australia, 2000.
  2. http://wokinfo.com/media/pdf/wos-corecoll_qrc_fr.pdf
  3. https://clarivate.com/products/web-of-%20science/?utm_source=false&utm_medium=false&utm_%20campaign=false