Au Chili : l’art au cœur des manifestations
Santiago n’est plus la ville tranquille dont se souviennent ceux qui l’ont visitée. Depuis le 17 octobre, la capitale du Chili est secouée chaque jour par des manifestations ; du trottoir au sommet des immeubles, la ville disparaît sous les inscriptions murales, tags, affiches et peintures ; les slogans politiques remplacent le nom des rues […]
Santiago n’est plus la ville tranquille dont se souviennent ceux qui l’ont visitée. Depuis le 17 octobre, la capitale du Chili est secouée chaque jour par des manifestations ; du trottoir au sommet des immeubles, la ville disparaît sous les inscriptions murales, tags, affiches et peintures ; les slogans politiques remplacent le nom des rues et des bâtiments, recouvrent les fenêtres, envahissent les arbres. C’est une mosaïque multicolore, protéiforme et mouvante : d’un jour à l’autre, de nouvelles œuvres s’ajoutent, d’autres disparaissent.
En se promenant dans les rues, on repère vite des motifs récurrents. En tête viennent les messages pour réclamer la démission du président Sebastián Piñera, entre- preneur milliardaire qui mène une politique libérale depuis son élec- tion en 2017. Les messages sont d’un ton parfois moqueur, parfois assassin – «Piñera, en*ulé, on va venir te chercher. » Viennent ensuite une kyrielle de mots doux adressés aux pacos, les forces de l’ordre qui répriment violemment les mani- festations depuis le premier jour. « Tue un flic, ça sera un violeur de moins », en référence aux viols qui auraient été commis sur plusieurs manifestantes – la mystérieuse disparition de la photographe indépendante Albertina Martínez Burgos, retrouvée morte dans son appartement le 21 novembre, n’est qu’un fait divers sordide parmi d’autres. « Œil pour œil : les balles que vous nous avez tirées dessus vont vous revenir», trouve-t-on ailleurs : depuis le début des mani- festations, au moins vingt-sept per- sonnes sont mortes, et on recense plus de 3 600 blessés, dont un très grand nombre de blessures aux yeux à la suite de tirs de flash-ball…
◆ « Ce que je veux, ce n’est pas la paix »
Le 17 octobre, c’est une annonce plutôt banale qui a mis le feu aux poudres : le prix du ticket de métro allait être augmenté de 30 pesos chiliens (soit 0,035 euro). La somme, dérisoire, est l’arbre qui cache la forêt : derrière le symbole, ce sont trente années de politiques économiques injustes que dénoncent
les Chiliens, un libéralisme agressif qui ne fait que creuser les inégalités…
☞ Il vous reste 67 % de l’article à lire dans Nexus n°127 (mars-avril 2020), disponible en kiosque jusqu’au 30 avril, et en ligne au format papier + numérique. Feuilletez-le en cliquant ici.
✰ 112 pages, 0 Pub, 100 % indépendant, 100 % inédit… le magazine à saisir en kiosque et en ligne tous les 2 mois ! ✰