élevage de bisons et chevaux bios Entretien

Florence, une éleveuse qui prône le retour vers l’immunité naturelle

Florence élève des chevaux et des bisons dans la Creuse. Chez elle, les vaccins sont prohibés et tout est fait pour respecter et développer la biodiversité. Et gare à ce qui vient menacer cette dernière, comme l’installation d’un parc d’éoliennes dans une zone non adaptée. Florence est du genre à résister et remuer ciel et terre pour la protéger. Nexus a pu s’entretenir avec elle.

Nexus : Pouvez-vous décrire brièvement votre activité principale ?

Florence : David, mon associé, et moi élevons des bisons et des chevaux de façon naturelle. Tous élevés en plein air. Pas de maïs ensilage, pas de croquettes, pas de céréales, pas d’antibiotiques ni de vaccins. Pas d’OGM, pas de traitement contre la cirrhose. Pas de bolus ni d’implants. Et pas non plus de substances illicites en Europe qu’on retrouve dans la viande du CETA.

Quand avez-vous commencé à la mener ?

J’ai commencé seule, avec des chevaux (pas destinés à l’alimentation) pour loisir, reproduction et compétition. Puis nous avons officiellement commencé notre diversification avec le bison, début 2001.

Quelles races de bisons et de chevaux élevez-vous ?

Bison des plaines d’Amérique (appelés ainsi, à tort ou à raison… car leurs ancêtres peuplaient nos régions). En ce qui concerne les chevaux, j’ai commencé par avoir, en race pure, du percheron, du frison, du SF, du poney français de selle et du shetland. Puis sont apparus quelques cocktails de prairie. J’ai levé le pied il y a six ans. Je n’ai plus de frison ni de percheron, mais j’ai du quarter et de l’appaloosa. Et je viens de tester quelques croisements avec de l’irish cob je devrais avoir des naissances vers mars/avril/mai.

Pourquoi vous être lancée dans cette activité ?

Désir de diversification, avec une complémentarité et un souhait de respect de la nature et de l’environnement. Chevaux et bisons, à l’état sauvage, vivent en parfaite symbiose : pas prédateurs mutuels, pas concurrents pour la nourriture et entraide au niveau phytosanitaire (antiparasitaires mutuels car n’étant pas l’hôte des parasites de l’autre espèce).

Quelles ont été les évolutions majeures entre cette date et aujourd’hui ?

Cette nouvelle activité nous a fait prendre conscience que nous pouvions éviter de nombreuses contraintes telles que la vaccination et que nous pouvions élever dans le respect même des animaux destinés à être consommés. Et cela nous a aussi permis de redynamiser la biodiversité (pas d’insecticides, entre autres), ce qui a pour conséquence plus d’oiseaux et de chauves-souris que partout ailleurs.

Quelles sont les particularités bienfaisantes de votre élevage (vaccins, bio, etc.) ?

Comme ce sont des animaux sauvages, dans le cadre du respect du bien-être animal, nous n’avons pas l’obligation de les capturer plus d’une fois par an. De ce fait, nous échappons aux campagnes de vaccination puisque pour lancer le protocole, il faut toujours une primo-injection et un rappel. Cela obligerait à capturer deux fois les animaux…

Nous n’utilisons rien d’artificiel, nous alternons les pâtures entre les chevaux et les bisons pour le bien des animaux et des sols.

Nous avons bien entendu le prédicat bio… mais nous allons bien au-delà.

Avez-vous remarqué des différences chez les animaux vaccinés et les non-vaccinés ? Lesquelles ?

Pour avoir échangé sur nos pratiques avec d’autres agriculteurs, nombre d’entre eux se sont plaints que les vaccins contre la fièvre catarrhale avaient nui à leurs vaches principalement, causant des avortements et des malformations. Pour le reste, nous étions aussi d’accord sur le fait que cela enrichit sans aucun doute les laboratoires, et que si nous tombons malades d’avoir consommé des aliments toxiques, cela sera toujours dans l’intérêt des laboratoires… Une boucle sans fin, un cercle absolument pas vertueux…

charte de munich

Ressentez-vous une connexion particulière avec vos animaux ? Comment s’exprime-t-elle ?

Je ressens une connexion avec tous mes animaux, mais aussi avec tous mes arbres et tous les autres animaux. Nous ne sommes que de passage sur terre. Ceux qui nous suivront hériteront de ce que nous allons leur laisser… suffisamment d’espèces animales et végétales ont disparu… il y a de la place pour tous. Toujours est-il que vivre dans un élevage nous fait développer le sens de l’observation. Souvent, du premier coup d’œil, sans même que l’animal ne bouge, nous savons s’il va bien ou s’il peut être en souffrance.

Est-ce que l’élevage suffit à faire vivre votre famille ? Quelles autres activités proposez-vous sur votre domaine ?

Non, financièrement, c’est misérable. Je ne dégage que 1 000 € par mois dans le meilleur des cas, et pourtant, nous avons développé l’agritourisme sur notre ferme. Nous proposons des visites commentées des parcs, de la viande, des produits transformés ou dérivés.

Mon complément de ressources me vient de ma défunte sœur. Sans son décès, il n’est pas certain que j’aurais pu continuer.

Votre boutique est empreinte de l’ambiance amérindienne. De quel(s) peuple(s) plus particulièrement et pourquoi ?

Pour moi, tous les peuples primitifs devraient être préservés : Sioux, Lakotas, Cherokees, Inuit, Samis… Mais nos ultrariches ne sont jamais assez riches… Tout doit disparaître lorsque cela ne leur rapporte pas.

La protection de la nature vous tient particulièrement à cœur. Quel(s) danger(s) menace(nt) actuellement votre lieu de vie ?

Je me bats depuis 2018 contre le projet de parc d’éoliennes industrielles à moins de 2 km de notre exploitation. Cela risque de polluer non seulement l’eau de nos animaux, mais aussi d’éradiquer les sites de moules perlières qui ont été recensés sur nos berges. Deux préfètes successives ont donné leur accord pour implanter des éoliennes au-dessus de la nappe phréatique captée et qui alimente en eau potable les villageois. Faire du naturel fait du bien à la nature. Malheureusement, nos chauves-souris (dont la grande noctule) vont être éradiquées à cause de cette « escrologie »… Nous ne verrons plus la loutre, ni les écureuils, ni les chevreuils… car ils veulent raser la montagne pour y mettre ces abominations.

Que faites-vous pour tenter d’y remédier ? Avez-vous lancé des actions militantes ? Créé une association ?

J’ai été contrainte de devenir la nouvelle présidente de l’association Mont de Transet Vent Debout, en succédant à Philippe Moreau.

Nous sommes à la fois en recours au Conseil d’État et à la cour d’appel administrative de Bordeaux, car malgré deux enquêtes publiques, défavorables à l’unanimité, nos préfètes ont donné leur accord.

Comment nos lecteurs pourraient-ils vous aider ?

Toute aide financière serait la bienvenue pour financer les procès, en espérant qu’il existe encore des juges honnêtes… Mais le plus génial serait de racheter le mont de Transet… mais là… le budget est beaucoup plus important…

Avez-vous une boutique en ligne ?

Oui, elle se trouve ici. Dans la rubrique produits, à gauche.  On a le détail de ce que nous vendons, et nous pouvons expédier.

Avez-vous quelque chose à ajouter ?

Nombre de nos visiteurs apprécient notre mode d’élevage. Je voudrais qu’on désindustrialise l’agriculture. On crée des OGM, on fait pousser des cellules de vaches en labo et on imprime de la viande en 3D. on introduit des insectes dans les plats préparés, on s’est vraiment mis à tout dénaturer…

 

Propos recueillis par Estelle Brattesani

 

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