Vaccins Santé

Vaccins et immunité de groupe, science ou magie ?

Par quel tour de passe-passe tente-t-on de faire accepter la vaccination obligatoire à la population mondiale, au mépris des libertés fondamentales ? Cette politique vaccinale qui prétend vouloir triompher des virus se fonde sur la sacro-sainte « immunité de groupe », un concept présenté comme une certitude, mais qui pourrait bien n’être qu’une illusion.   […]

Par quel tour de passe-passe tente-t-on de faire accepter la vaccination obligatoire à la population mondiale, au mépris des libertés fondamentales ? Cette politique vaccinale qui prétend vouloir triompher des virus se fonde sur la sacro-sainte « immunité de groupe », un concept présenté comme une certitude, mais qui pourrait bien n’être qu’une illusion.

 

En août 2014, William Thompson, un expert des CDC (Centers for Disease Control and Prevention, la principale agence fédérale des États-Unis en matière de protection de la santé publique), avoue avoir été poussé par sa hiérarchie à manipuler les études sur le lien possible entre l’autisme et le vaccin ROR (rougeole, oreillons, rubéole) (1). Quelques semaines plus tard, la première réunion de l’Agenda global de la sécurité sanitaire (GHSA) orchestrée par l’Organisation mondiale de la santé (OMS) à la Maison Blanche établit un plan de vaccination obligatoire (dans la loi ou dans les faits) à l’échelle planétaire avec un objectif de taux de couverture vaccinale de 90% (aujourd’hui passé à 95%) pour ce même vaccin (2).

 

◆ Le monde selon Disneyland

Dès janvier 2015, l’épidémie de rougeole à Disneyland, en Californie, sert de prétexte à un battage médiatique sans précédent. La menace pèse, « la rougeole est en marche » et les télévisions américaines annoncent chaque jour à grand renfort de titres le nombre de cas déclarés. Dans la foulée, une loi, la California Senate Bill 277 (SB 277), met fin aux exemptions pour motifs personnels et religieux, obligeant de nombreux parents à retirer leurs enfants de l’enseignement public. Les non-vaccinés sont désormais culpabilisés et pourchassés, car ils mettraient les autres en danger en ne contribuant pas à l’immunité de groupe et compromettraient l’objectif d’éradication de la maladie (3). Avec le recul, rien dans cet épisode, qui semblait taillé sur mesure pour promouvoir la vaccination, ne plaide en sa faveur. La plupart des enfants ayant attrapé la rougeole à Disneyland avaient reçu deux doses du vaccin et, fait choquant, il a même été avéré que 38% des cas (4) avaient été infectés par une souche vaccinale !

Fin 2019, de cela, toujours pas un mot. La magie de Mickey qui vante l’immunité de groupe et la couverture vaccinale est encore à l’œuvre. En octobre dernier, Arthur Caplan, le directeur de la section d’éthique médicale de l’université de New York relance la campagne en déclarant « qu’amener un enfant non vacciné à Disneyland est un acte immoral et égoïste (5) ». Et alors que cette année, l’on n’a recensé en Californie que 72 cas de rougeole sans un seul décès, une nouvelle loi draconienne vient d’y être votée, la SB 276, qui limite la délivrance de certificats de contre-indication par les médecins et instaure des contrôles qui coûteront près de 10 millions de dollars annuels à l’administration (6), mais la couverture vaccinale ne semble pas avoir de prix. Si la « magie de Mickey » est pointée ici, c’est qu’au-delà d’un trait d’ironie, l’on peut se demander si le concept d’une immunité collective atteinte par la vaccination est vraiment solide du point de vue scientifique. Est-ce d’ailleurs un hasard si, lors du Global Vaccination Summit récemment organisé à Bruxelles avec l’OMS et la Commission européenne, l’un des trois thèmes abordés portait le titre de « La magie de la science (7) » ?

 

◆ La version des médias

Bien que les politiques et les experts s’y réfèrent sans cesse en rappelant qu’il s’agit d’un objectif fixé par l’OMS, ce sont généralement les journalistes qui se chargent d’expliquer la notion d’immunité de groupe. Par exemple, dans l’émission Toc Toc Docteur (8), diffusée avant le vote des 11 vaccins obligatoires, c’est le journaliste santé du Figaro, assis à côté du professeur Daniel Floret, qui insiste sur l’importance d’atteindre une couverture vaccinale élevée en expliquant qu’au-dessus d’un certain seuil de couverture vaccinale, la maladie ne peut plus se maintenir dans la population et finit par disparaître. Il prend ensuite l’éradication de la variole comme exemple de succès de cette politique vaccinale, alors qu’en réalité ce n’est pas la vaccination, mais la détection et l’isolement des patients et de leurs contacts qui ont vaincu la maladie, comme on peut s’en apercevoir dans le rapport final d’éradication de l’OMS (9) et dans les interviews d’Henderson, principal responsable de cette opération. Le spectateur averti aura remarqué que c’est le journaliste qui prêche la promesse de ce miracle vaccinal et non le professeur Daniel Floret, dont la présence tacite est supposée légitimer ses propos. En effet, celui-ci n’ignore certainement pas que pour éradiquer la maladie, il faudrait au minimum que la vaccination soit efficace pour tous, durant toute la vie, et qu’elle bloque la transmission du virus. Comme les experts savent que ces postulats sont actuellement tous mis en échec et en discutent lors de congrès scientifiques, il est logique qu’ils se taisent à l’antenne.

 

◆ La version scientifique

Étonnamment, il n’y a pas de véritable consensus sur ce qui détermine l’immunité de groupe et encore moins sur la manière de la calculer. Rédigé avec la contribution des CDC, un article de synthèse sur l’histoire, la théorie et la pratique de l’immunité de groupe en livre une illustration éloquente. L’auteur, Paul Fine, l’introduit en ces termes : « Le concept a une “aura” particulière, dans ce qu’il implique une extension de la protection impartie par un programme vaccinal des vaccinés aux non-vaccinés, ainsi qu’une provision apparente de moyens visant l’élimination totale de certaines maladies infectieuses (10). » Il est intéressant de noter ici aussi l’utilisation des termes « aura », « provision apparente » et, plus loin dans le texte, « la magie de l’immunité de groupe », ce qui est bien révélateur du flou qui entoure la notion et ses mécanismes associés.

 

◆ Quand l’épidémie prend fin

Historiquement, la notion d’immunité de groupe dérive d’observations autour du fait que, dans certaines maladies, les épidémies prennent fin lorsqu’un seuil donné de personnes malades est atteint, laissant apparemment indemne une partie de la population. Au début, l’interprétation de ces faits avait donné lieu à de violentes controverses. Pour les uns, il s’agissait de changements dans les propriétés de l’agent infectieux (par exemple, diminution de la virulence du pathogène en passant d’un hôte à l’autre), alors que pour d’autres, c’était le résultat d’une dynamique entre le réservoir des personnes susceptibles d’être infectées et celles bénéficiant d’une immunité acquise par la maladie. Chaque camp appuyait sa thèse à coups de raisonnements mathématiques, mais c’est le deuxième qui l’emporta, avec une formulation mathématique simple (revue par la suite) liée au « principe d’action de la masse » introduit par Hamer en 190 (11). En 1930, une publication du Dr Hedrich donna une première illustration notoire du terme herd immunity (« troupeau » en anglais), soit « immunité de groupe ». Le terme se référait alors à une immunité naturelle dans ne population délimitée, acquise par un groupe de personnes ayant développé la maladie. Après avoir récolté des données épidémiologiques de la rougeole sur une période de trente ans, ce médecin avait observé que les épidémies se déclaraient lorsque la proportion susceptible de développer la maladie chez les enfants de moins de 15 ans approchait 50% et que, lorsque les épidémies s’arrêtaient, il en restait toujours un réservoir estimé à 32%… En même temps, Hedrich constata qu’à cet âge, plus de 95% des enfants avaient finalement eu la rougeole, suite aux vagues d’épidémies successives, ce qui permettait à la population adulte d’être protégée à vie (12).

 

◆ Une promesse impossible

Plus tard, dans les années soixante, lorsque l’on développa les premiers vaccins contre la rougeole aux États-Unis, on supposa que l’immunité induite par un vaccin serait équivalente à celle créée par la maladie, au point que le mot « immuniser » se substitua à celui de « vacciner », confusion de vocabulaire aux graves conséquences. Fortes de cette conviction et des observations d’Hedrich, les autorités de santé américaines allèrent jusqu’à imaginer qu’il ne faudrait pas plus d’une année de vaccination en masse pour aboutir à l’éradication de la rougeole (13). Mais si les campagnes de vaccination ont contribué à une diminution drastique de l’incidence de la maladie dans sa forme clinique, la promesse de l’éradication reste un échec et prend des allures de mirage, puisque la rougeole « revient » dans de nombreux pays où l’on avait déclaré son élimination. En réalité, de nombreux facteurs liés à la complexité du système immunitaire et de ses interactions avec son environnement semblent compromettre définitivement cet idéal (14).

 

◆ Une efficacité vaccinale « variable »

Le fait que certains vaccins puissent induire une forme d’immunité et diminuer l’incidence de certaines maladies est indiscutable. Dans le cas des vaccins à virus vivants (rougeole, oreillons, rubéole, varicelle), qui sont ceux pour lesquels on invoque généralement le bénéfice de l’immunité de groupe, l’hôte est réellement infecté par le virus, mais sous une forme atténuée. Il développe alors une infection asymptomatique, considérée comme à la fois non transmissible et induisant une réponse immunitaire durable. Le défi posé est donc d’induire une réponse efficace, c’est-à-dire une mémoire durable de la maladie sans en provoquer les symptômes et sans transmettre le virus. Si la science d’une époque l’a estimé possible, il apparaît clairement que ce postulat s’effondre peu à peu…

 

 Il reste 62 % de l’article à lire dans Nexus n°126 (jan.-fév. 2020), disponible en kiosque jusqu’au 29 février 2020 ou en ligne au format papier/numérique en cliquant ici.

 

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  1. Statement from William Thompson, RE Pediatrics MMR African American Males Data, Age of autism, août 2014, https://www.rescuepost.com/files/william-thompson-statement-27-august-2014-3.pdf
  2. Agenda global de sécurité sanitaire, www.ghsagenda.org. Voir action package 4 de l’agenda.
  3. Cf. Depuydt Senta, « Rougeole, faut-il craindre les nouvelles épidémies ? », NEXUS n° 117, juillet-août 2018.
  4. Roy Felicia et al., « Rapid Identification of Measles Virus Vaccine Genotype by Real-Time PCR », Journal of Clinical Microbiology, 55(3), 2017, p. 735-743. Lien vers l’article intégral : https://jcm.asm.org/content/55/3/735.
  5. Mathews Zoe, « Arthur Caplan: It’s Morally Selfish to Take An Unvaccinated Child to Disneyland », WGBH news, 25 octobre 2019.
  6. Mayer Alix, « Health Committee Votes Yes to SB276 », Children’s Health Defense, 1er juillet 2019.
  7. Global Vaccination Summit, 12 septembre 2019, Brussels, Belgium, World Health Organization.
  8. Mascret Damien, « Vaccins : qu’est-ce que l’immunité de groupe ? », Le Figaro Santé, 4 juillet 2017.
  9. Rapport final de la Commission mondiale pour la certification de l’éradication de la variole, Organisation mondiale de la santé, décembre 1979, p. 32. Fleck Fiona, « Smallpox: dispelling the myths. An interview with Donald Henderson », Bulletin of the World Health Organization, vol. 86, décembre 2008.
  10. Fine Paul E. M., « Herd Immunity: History, Theory, Practice », Oxford Journals of Epidemiologic Reviews, décembre 1993.
  11. Hamer W. H., « Epidemic disease in England – the evidence of variability and of persistency of type », The Lancet, mars 1906.
  12. Hedrich A. W., « Monthly estimates of the child population “susceptible” to measles, 1900-1931, Baltimore, MD », American Journal of Epidemiology, mai 1933.
  13. Sencer D. J. et al., « Epidemiologic basis for eradication of measles in 1967 », Public Health Reports, mars 1967.
  14. Poland G. A, Jacobson R., « The Re-emergence of measles in developed countries: time to develop the next-generation measles vaccines? », Vaccine, janvier 2012.