
Après TVLibertés, l’économiste Marc Touati lui aussi viré de sa banque sans explication
En France, une banque peut décider à tout moment de clôturer les comptes d’une personne sans avoir à fournir de motif. Après TVLibertés, à qui cette mésaventure est arrivée au printemps dernier, c’est au tour de l’économiste Marc Touati d’en faire les frais. À travers ces décisions arbitraires, manifestement politiques, la liberté d’expression semble une fois de plus menacée.
◆ Marc Touati viré, après 40 ans de fidélité
« Dans quelle société vit-on ? » s’interroge sérieusement le conseiller et consultant en économie Marc Touati, depuis qu’il s’est, du jour au lendemain (nonobstant le préavis), fait virer de sa banque sans explication, après 40 ans de relation sans la moindre anicroche.
Habitué des plateaux télé, Marc Touati est aussi connu pour sa chaîne YouTube, suivie par quelque 250 000 abonnés. Dans ses vidéos informatives et pédagogiques, l’économiste ne mâche généralement pas ses mots pour dire tout le mal qu’il pense de la politique économique française de ces cinq dernières années. Son objectif, clamé à moult reprises, est simplement d’informer les Français en leur disant la vérité sur la situation du pays.
◆ « Ça vient de très haut »
Seulement voilà, « dire la vérité est devenu dangereux en France », estimait Marc Touati au micro de Sud Radio, le 1er septembre dernier, après avoir raconté au journaliste André Bercoff ses récentes péripéties bancaires, auxquelles se sont ajoutés deux contrôles fiscaux (un professionnel et un personnel) déclenchés dans la foulée. Cela commence à faire beaucoup pour n’y voir qu’une simple coïncidence…
Invité sur la chaîne Thinkerview deux jours plus tard, Marc Touati est revenu plus en détail sur ces événements troublants. Devant l’absence d’explication de sa banque (qui a décidé de clôturer non seulement ses comptes personnel et professionnel, mais également les comptes de ses enfants !), l’économiste a mené sa petite enquête auprès d’amis y travaillant. « Ils sont revenus vers moi et ils m’ont dit : écoute, Marc, ça vient de très haut. Direction générale. »
◆ « Je vous conseille de ne pas le dire »
« Je vous conseille de ne pas le dire », aurait, de plus, ajouté le chargé de clientèle de la banque en question, dont Marc Touati tient à taire le nom, tout en précisant qu’il s’agit d’une grande banque française qui sponsorisait le tennis quand il était adolescent, dans les années 1980. Autant dire qu’il s’agit de BNP Paribas.
« Ça fait de la peine, parce que j’avais une autre vision de cette banque, j’ai même eu à un moment donné des actions dans cette banque, et c’est triste, parce que tu n’as rien fait de mal », déplore l’économiste, dont le seul tort semble être de déranger le pouvoir en place par ses analyses et sa visibilité accrue.
◆ La galère de TVLibertés pour retrouver une banque
Nos confrères de TVLibertés étaient-ils à la même banque ? Impossible à dire, car ils sont eux aussi restés discrets sur le nom de celle qui, au printemps dernier, leur a fait vivre la même mésaventure. Comme Marc Touati, leur situation financière était saine et ils étaient depuis douze ans des clients sans problème, quand ils ont soudain reçu un courrier leur indiquant qu’ils devaient changer de crèmerie…
Mais à la différence de Marc Touati, qui a facilement réussi à trouver une autre banque, TVLibertés a galéré et essuyé pas moins de huit refus. Ce n’est qu’après avoir saisi la Banque de France pour faire valoir leurs droits, qu’ils ont fini par trouver un établissement acceptant d’héberger leurs comptes, mais à titre provisoire !
◆ « Une forme de totalitarisme soft », selon Martial Bild
« Il ne fait aucun doute à mes yeux que notre exclusion bancaire est une mesure de nature politique », a commenté Martial Bild, le patron de TVLibertés, dans un entretien accordé en juin dernier au média L’Incorrect. Ce type d’action est révélateur, selon lui, de deux choses : « D’une part, une volonté manifeste de censure de la part d’un pouvoir politique qui impose une forme de totalitarisme soft. […] Mais d’autre part, on voit bien que ce même pouvoir est aux abois. Il emploie les méthodes les plus féroces contre ses adversaires. Il considère visiblement que notre chaîne est devenue une alternative trop puissante face aux médias traditionnels. » TVL compte à ce jour 963 000 abonnés sur sa chaîne YouTube.
◆ Touati également victime d’une manœuvre sur les réseaux sociaux
Sans aller jusqu’à parler de « censure » et de « totalitarisme », Marc Touati s’estime tout au moins victime d’« un acharnement incroyable ». Car en plus de son « expulsion » bancaire et des deux contrôles fiscaux qui ont suivi, l’économiste est également l’objet d’une manœuvre sur les réseaux sociaux destinée à nuire à sa réputation.
« Depuis quelques mois, explique-t-il sur Thinkerview, [il y a] de faux comptes sur Facebook, sur Instagram, sur WhatsApp, etc. où on met ma tête et même où on me fait parler avec l’IA […] et on dit voilà, achetez tel ou tel produit, vous allez gagner tant, mais ce n’est pas moi ! Je tiens à le dire : ce n’est pas moi, je ne fais aucun truc comme ça ! »
◆ Des faux comptes financés par « quelqu’un au-dessus »
Les réponses reçues de Facebook et autres plateformes indiqueraient qu’ils ne peuvent pas fermer ces comptes, « parce qu’il y a quelqu’un au-dessus, on ne sait pas qui, qui paye pour ces comptes », raconte Marc Touati, abasourdi. L’économiste dit avoir déposé une plainte, mais la police lui aurait répondu qu’elle ne pouvait rien y faire et que c’était « compliqué »…
C’est surtout la liberté d’expression qui est aujourd’hui compliquée. En user semble vous attirer presque plus d’ennuis que si vous aviez enfreint une loi. D’où la question de Touati : « Dans quelle société vit-on ? »
Article par Alexandra Joutel
(Image principale extraite de l’émission diffusée sur Thinkerview le 03/09/2025)
⇒ Lire notre article sur le « complexe industriel de la censure », paru dans le n°159 du magazine Nexus (juil.-août 2025) disponible dans notre boutique en ligne :
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